Un écosystème en quête de lisibilité
Pour faciliter l’accompagnement des victimes potentielles ou avérées, les différents guichets institutionnels se répartissent les rôles.
Rationalisation, lisibilité, facilité d’accès : la France s’attache ainsi à réorganiser un dispositif public de cybersécurité qui s’est développé brique par brique, devenant riche autant que complexe, afin d’en simplifier la compréhension et l’usage pour les victimes potentielles ou avérées, et d’en améliorer la performance. Cette approche passe notamment par la promotion d’une logique de « guichet unique » pour le signalement, le traitement et le suivi des incidents. C’est tout le sens du portail cybermalveillance.gouv.fr, créé dès 2017, clé d’entrée de tout le dispositif public (lire l’interview de Jérôme Notin, son directeur général, p. 29), pour les particuliers, entreprises et collectivités territoriales. Les organisations et services d’utilité vitale relèvent de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi).
L’Anssi tisse des liens
Créée en 2009, conformément aux orientations du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale publié en 2008, l’Anssi est rattachée au secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), qui assiste le Premier ministre dans l’exercice de ses responsabilités dans ces matières. L’agence, qui emploie plus de 600 personnes, travaille aujourd’hui à renforcer ses liens avec les acteurs institutionnels majeurs de la sphère du ministère des Armées, à commencer par le commandement de la cyberdéfense (ComCyber).
Promouvoir une logique
de « guichet unique »
Placé sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées, celui-ci a pour mission la défense des systèmes d’information, ainsi que la conception, la planification et la conduite des opérations militaires dans le cyberespace. Quant à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), qui relève du ministère de l’Intérieur, elle abrite une sous-direction en charge de la lutte contre la cybercriminalité (SDLC). La préfecture de police de Paris dispose également d’une unité de police judiciaire spécialisée, la brigade de lutte contre la cybercriminalité (BL2C). Côté judiciaire, une section du parquet de Paris se conscare depuis 2015 au traitement de certaines affaires particulièrement complexes de cybercriminalité. Le tribunal judiciaire de Paris bénéficie également, depuis 2016, d’une compétence nationale en matière d’atteintes aux systèmes de traitement automatisé de données (STAD) et crimes de sabotage informatique.
Au-delà de la volonté des pouvoirs publics de proposer à chaque famille d’acteurs une offre de services en phase avec ses attentes, reste à promouvoir les dispositifs en place et à fluidifier les passerelles entre les différentes plateformes. Face à une menace complexe qui avance masquée, entreprises, collectivités et particuliers ont besoin d’une prise en charge rapide, d’un dialogue compréhensible et de mesures adaptées.
Une filière qui devra irriguer tout le marché
Autant de défis dont se font l’écho les grands rendez-vous professionnels de la filière, comme le Forum international de la cybersécurité et les Assises de la cybersécurité de Monaco, qui réunissent chaque année les différents organismes et dispositifs institutionnels de la cybersécurité, ainsi que l’ensemble des acteurs de ce marché appelés à se mobiliser.