Nouvelle-Aquitaine • Une Région modèle économique pour la filière
Pour inscrire dans la durée l’action et le rayonnement de son campus cyber, la Nouvelle-Aquitaine crée une banque du temps.
C’est l’un des axes de la stratégie nationale de sécurité numérique : la constitution d’un réseau de « campus cyber » régionaux, conçus comme autant de « lieux totems » de la filière cyber dans les territoires. L’Île-de-France, les Hauts-de-France, la Bourgogne Franche-Comté (lire p.27) ont d’ores et déjà répondu présentes, rejointes depuis juin 2022 par la Nouvelle-Aquitaine. « Nous avons voulu aller plus loin qu’un Computer Security Incident Response Team (CSIRT), et mettre en œuvre un modèle ambitieux articulé autour de quatre grands axes : traitement des incidents, formation, innovation, animation », explique Mathieu Hazouard, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine délégué aux Enjeux numériques.
Abaisser de 80 % à 20 % la part de la Région dans le financement
Soutenu dans le cadre du plan France Relance à hauteur d’un million d’euros, le campus aquitain bénéficie pour 2022 d’une subvention de 400 000 euros de la part de la Région. Mais proposer aux 600 000 entreprises et 4 500 collectivités néo-aquitaines une réponse sur mesure en cas de cyberattaque nécessite des moyens considérables.
Proposer aux adhérents actifs
de donner 1 % de leur temps au campus
Or, facturer les prestations serait difficilement compatible avec une posture de tiers de confiance. Le campus mise dès lors sur l’adhésion payante de ses membres, avec l’ambition à court terme d’abaisser de 80 % à 20 % la part de la Région dans son modèle de financement. « Côté ressources, en demandant à chacun de nos adhérents actifs de donner 1 % de leur temps au campus, nous sommes assurés de bénéficier de 20 à 25 équivalents temps plein », souligne Guy Flament, directeur du campus.
Pour jouer sur l’effet de taille, il s’agit donc de mobiliser. Auprès des experts cyber du territoire, bien sûr, mais aussi des prescripteurs locaux (chambre de commerce et d’industrie, chambre de métiers et de l’artisanat, clubs d’entreprises, industriels…) au sein des différentes filières économiques.
Formation et innovation au menu
Développer une telle branche sectorielle qui se consacre à la sécurité numérique requiert un vivier de compétences. C’est pourquoi le campus entend développer les formations initiales en partenariat avec les écoles d’ingénieurs publiques et privées, les universités, les IUT et BTS. Il créera également des contenus pédagogiques certifiés qui serviront de base aux formations continues développées sur les territoires, via le réseau des centres de ressources territoriaux.
Le campus cyber se fixe également pour mission d’accompagner l’innovation. Les échanges avec les entreprises, les universités et les centres de transfert technologique ont déjà permis de faire naître des projets qui commencent à se structurer. « L’un d’eux, très prometteur, développé par Inspeere, à Limoges, porte sur la création d’un système de sauvegarde, physiquement étanche à toute attaque informatique. Il constituera le coffre-fort dans lequel seront enfermées les données extrêmement sensibles de l’entreprise qui lui permettront de se reconstruire en cas d’attaque très violente », note Guy Flament.