Édito de Thomas Bonnel
Premier des risques majeurs pour les assureurs, cinquième espace de guerre pour les militaires, le risque cyber est devenu en quelques années une réalité prégnante pour les entreprises, les collectivités territoriales, les institutions, les services publics (hôpitaux, universités, etc.) et, plus largement, chacun d’entre nous. À force de voir se développer les usages numériques dans tous les compartiments de l’économie, et même de notre vie, on pouvait s’y attendre. Le développement du télétravail a démultiplié les fragilités des réseaux, ouvrant un vaste terrain de jeu aux hackeurs, pirates et criminels de l’espace cyber. Le nombre d’attaques explose, la demande de rançon devient un sport universel. Face à la vitesse d’organisation de ces nouvelles mafias, le retard accusé par les États et les entreprises ne se comblera pas immédiatement.
Il n’empêche, après la prise de conscience, la riposte s’organise, parfois très rapidement. Il faut dire qu’il y a urgence : pas une semaine sans l’annonce d’une nouvelle attaque… En France, les pouvoirs publics dégagent des sommes significatives pour accompagner des organisations stratégiques et d’intérêt général. Les PME-TPE, les petites collectivités ainsi que les particuliers ne sont pas en reste : la puissance publique (ré)organise la prise en charge des victimes, en renforçant la logique de guichets uniques. Formations, prévention, accompagnements administratifs et techniques, services d’enquête spécialisés, leviers judiciaires et répressifs : l’arsenal s’étoffe pour protéger et sanctionner.
S’agissant d’une menace mondialisée, c’est paradoxalement à l’échelle des territoires que se révélera la capacité des acteurs à opposer une réponse pérenne au risque cyber. Il faut dire que les collectivités paient un lourd tribut dans cette nouvelle guerre. Angers, Marseille, Toulouse, La Rochelle, Sarrebourg, Morières-lès-Avignon : toutes ces villes ont récemment été visées par des attaques. À l’heure de la « smart city » et des objets connectés, le risque concernera demain l’ensemble des infrastructures numériques dans les territoires : la perspective de paralysies partielles, voire totales, des villes n’est plus à exclure.
Face à ces menaces pour notre économie, notre souveraineté et notre société, il s’agit de mettre en œuvre une véritable culture de la prévention. Un chantier colossal est aujourd’hui lancé aux plans national et transnational. De ce point de vue, le risque cyber constitue aussi une opportunité, une promesse d’innovation et un atout compétitif pour lesquels la France a une carte à jouer.