Questions à… Gilles Boeuf, écologue, chargé de projet One Health Nouvelle-Aquitaine
Comment avez-vous convaincu la Région d’adopter le concept One Health ?
Le 1er octobre 2020, les députés ont lancé un sujet One Health et m’ont invité à l’Assemblée nationale. Le projet a intéressé dès le début Françoise Jeanson, médecin, en charge de la santé à la Région. Et, avec le Ceva Santé Animale, le plus gros laboratoire de médecine vétérinaire, nous n’avons eu aucun mal à convaincre le président de la Région, Alain Rousset. J’en parle aussi avec la région Île-de-France, l’Occitanie, la Bretagne…
Pourquoi la Nouvelle-Aquitaine en particulier ?
Il y a des problèmes avec les cochons en Bretagne, l’élevage bovin en Limousin, mais nulle part en France il n’y a autant de canards qu’ici. La promiscuité des élevages, une prophylaxie insuffisante, et la maladie galope. Souvenons-nous du H1N1 qui, dans les années 1918-1920, avait tué plus de 50 millions d’êtres humains à travers le monde. Nous sommes aussi préoccupés par les tiques qui transmettent la maladie de Lyme et le virus de Crimée-Congo, ou encore par les plantes invasives comme l’ambroisie qui provoque des crises d’asthme chez 15 % des Français. Un colloque, qui se tiendra en janvier 2023, fera le bilan de la médecine vétérinaire, de la santé publique et de l’écologie car, plus que le niveau national, la région est une bonne échelle de laboratoire à ciel ouvert. Il y aura probablement un sujet prioritaire : l’antibiorésistance. Avec la surutilisation des antibiotiques, les micro-organismes se sont adaptés. Une question typiquement One Health !
Quelle est la place de l’humain dans le vivant ?
L’humain est une construction incroyable du vivant. Mais prenons les bactéries, plus nombreuses sur et dans notre organisme que les cellules humaines. On l’a peut-être oublié et cela explique beaucoup des dysfonctionnements actuels des relations entre l’humain et le vivant.