Questions à… Martin Plancke, écologue chargé de mission Expertise biodiversité et politiques publiques associées à la FRB
Pourquoi est-il important de savoir comment les Français caractérisent la nature ?
C’est une question stratégique. Le parti pris de cette réflexion est bien de revenir à ce que l’on entend par nature : comprendre les perceptions pour chercher des mesures leviers et réaliser ce que l’IPBES (l’équivalent du Giec pour la biodiversité, cf. p. 7) a signalé comme des changements transformateurs qui, par leur approche systémique, vont toucher les questions sociologiques, culturelles, économiques.
Quelle est la perception, plus spécifiquement, de la campagne ?
Pour les paysages de littoral et de nature en ville, le gradient de naturalité définissait les préférences. Mais pas pour la campagne. Un champ de lavande était, par exemple, perçu comme plus rassurant qu’un lac. Or, bien qu’elle soit belle et mellifère, la lavande est une monoculture, ce qui ne permet pas les dynamiques du vivant. Ces résultats traduisent une hypothèse : en France, pour le paysage de campagne, la question de l’identité semble plus importante que la naturalité. Nous souhaitons approfondir cette question auprès des acteurs territoriaux.
Pourquoi avec les acteurs territoriaux ?
Car c’est une échelle où les enjeux de biodiversité sont palpables. On le voit au niveau de l’agriculture conventionnelle qui constitue une des principales menaces pour le vivant. L’objectif est d’aider les acteurs territoriaux à mettre en place des mesures leviers avec les citoyens, comme des incitations douces, les nudges, ces visuels du type « ici commence la mer » près des bouches d’égout. Mais, le vrai enjeu pour répondre à l’érosion de la biodiversité, c’est l’acculturation face aux problématiques environnementales des acteurs, notamment territoriaux et chargés de politiques publiques locales.
Avec quelle nature souhaitez-vous vivre ?
La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) mène une étude qualitative, comportant notamment une évaluation de différents paysages avec un gradient de naturalité, sur un panel de 1 500 personnes dont 74 % avaient une profession en lien avec l’environnement. Les résultats pourront être utilisés au niveau des institutions pour inciter les citoyens à réduire l’érosion de la biodiversité.