Questions à… Anne Trombini, directrice générale de l’association Pour une agriculture du vivant
Pourquoi une transition vers l’agroécologie est-elle vitale ?
L’enjeu numéro un est d’assurer notre capacité à produire, demain, notre alimentation. La problématique derrière cette transition réside dans le phénomène d’érosion du sol qui est accéléré par le travail du sol, la chimie et, désormais, par le changement climatique. Le sol constitue la base d’une ferme, il faut l’aborder de façon holistique, en intégrant le vivant. Nous promouvons donc une véritable révolution du vivant et de la connaissance, avec une montée en compétences des agriculteurs sur ces thématiques. C’est aussi une révolution systémique de la chaîne de valeurs, les filières ayant été construites de façon descendante, pour répondre à la demande. Il faut inverser le dispositif et faire des choix en fonction du système agronomique. Notre mouvement met l’agronomie au cœur du dispositif avec, notamment, un outil, l’indice de régénération, qui évalue la trajectoire d’une ferme. Nous espérons qu’il pourra être utilisé dans des politiques publiques.
Quel est le rôle des territoires ?
Le territoire doit être acteur de cette transformation car il va en être le premier bénéficiaire. Un agriculteur ne produit plus seulement des aliments mais aussi des services en matière de qualité de l’eau, de biodiversité, de qualité de paysages, de réduction de l’empreinte carbone. Nous avons besoin d’une vision forte, avec tous les bienfaits que l’on en attend et de faire du PAT (projet alimentaire territorial) un outil au service de cette vision.
Quelles sont les principales difficultés ?
Il faut accompagner le changement culturel, former les techniciens des coopératives pour qu’elles n’apportent plus des recettes toutes faites mais des idées. Enfin, on attend des pouvoirs publics un vrai soutien économique à l’innovation, comme ce qui existe pour le bio.