« Notre souveraineté alimentaire sera résiliente et respectueuse de la biodiversité ou ne sera pas »
Le développement de nos civilisations a toujours reposé sur, d’une part, l’accès aux ressources en terre et en eau et, d’autre part, sur la capacité des hommes et des femmes qui nous nourrissent à en tirer le meilleur.
Cette évidence est, aujourd’hui, de nouveau mise en lumière par le réchauffement climatique et ses effets sur notre agriculture, en particulier dans un contexte de guerre en Ukraine, qui érige la question de notre souveraineté alimentaire au rang de priorité politique. Épisodes de gel ou de sécheresse historiques, incendies, orages de grêles, bouleversement du volume des précipitations d’eau : ces événements de moins en moins exceptionnels ont d’ores et déjà des conséquences sur nos productions agricoles.
Nos agriculteurs, qui en sont les premières victimes, ont conscience du défi que nous devons relever : les transitions en faveur de la biodiversité, comme l’agroécologie, sont au cœur de l’enjeu de souveraineté alimentaire. Nous ne pourrons pas produire en quantité et en qualité suffisantes sans une adaptation des systèmes de production, qui dépendent étroitement des écosystèmes, de la santé des sols, de la biodiversité, de l’eau et des conditions climatiques.
L’agroécologie peut être
un facteur de productivité
pour les agriculteurs
Par ailleurs, l’agroécologie peut être un facteur de productivité pour les agriculteurs, en réduisant leur dépendance aux intrants et leurs charges d’exploitation. Il faut donc le dire sans détour : notre souveraineté alimentaire sera résiliente et respectueuse de la biodiversité ou ne sera pas. Cette transition, nous l’avons engagée à travers plusieurs orientations. La diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires et le renforcement de la protection des pollinisateurs y participent. Des démarches de progrès ont été amplifiées dans le cadre de la nouvelle PAC, comme la certification Haute valeur environnementale ou encore le développement de l’agriculture biologique, avec un objectif ambitieux de 18 % de la surface agricole utile certifiée en 2027. D’autres leviers doivent être mobilisés. Je pense à la valorisation économique des solutions agricoles développées pour favoriser la captation du carbone dans les sols agricoles et forestiers, et à l’agroforesterie notamment. Soutien aux haies, aux mares, aux bandes enherbées, à la faune sauvage, augmentation des surfaces en prairies permanentes : nous devons en faire une priorité, encourager ces pratiques et soutenir les fers de lance qui, dans les territoires, prennent ces initiatives.
Enfin, dans le cadre du plan de résilience, nous avons déployé un « plan souveraineté azote », en privilégiant la production d’engrais décarbonés et le développement de filières de valorisation d’engrais organiques. Dans le même esprit, le plan de souveraineté fruits et légumes sera validé au début de l’année prochaine, et le plan protéines végétales, nous permettra notamment de développer la production de légumineuses. Ces transitions doivent être conduites en faisant appel à trois leviers : celui de l’innovation, avec France 2030 ; celui de la recherche, car l’agroécologie s’appuie sur une multitude de savoirs et de connaissances ; et celui de la formation, car les agriculteurs de demain doivent porter ces solutions d’agroécologie. Il s’agira de l’un des enjeux de la loi d’orientation et d’avenir agricole présentée en 2023.