L’agriculture 4.0 et les données de biodiversité
Si l’enjeu de la donnée est crucial pour prévoir les évolutions des cultures et des élevages tout en respectant la biodiversité, de nouvelles technologies pourraient réconcilier ceux qui rejettent la numérisation.
Lors de leur avènement, les outils numériques pour l’agriculture étaient parés de toutes les vertus, dont la réduction des impacts environnementaux et de la pénibilité du travail. Mais force est de constater que les avancées se sont focalisées le plus souvent sur l’optimisation des performances pour permettre aux acteurs de baisser leurs coûts. C’est ce que démontrait une étude du Bureau d’analyse sociétale d’intérêt collectif (Basic), « Enjeux et problématiques de la numérisation dans les filières agricoles et alimentaires », parue en janvier 2021. En moyenne, une exploitation sur deux en France est équipée d’outils de l’agriculture numérique. Ceux-ci s’appuient sur l’IoT (Internet of Things ou Internet des objets) et sur l’intelligence artificielle. Stations météorologiques, capteurs, consoles ou drones permettent de déterminer les besoins spécifiques d’une parcelle grâce au machine learning, conçu pour apprendre de nouvelles structures afin de réaliser des prédictions.
Une exploitation
sur deux est équipée
d’outils numériques
en France
La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), dans son approche « Agriculture intelligente face au climat » (AIC), estime que l’adaptation au niveau de la gestion de la production à travers des changements comme les dates de plantation ou le choix des variétés peut augmenter les rendements de 7 à 15 %. Ainsi, désormais, cette agriculture connectée suit, voire anticipe l’ensemble des préoccupations environnementales. À l’instar de la société héraultaise ITK, qui développe depuis 2003 des solutions de modélisation et d’intelligence artificielle avec pour objectif la réduction des intrants et de l’utilisation de l’eau. En 2021, elle levait dix millions d’euros pour accélérer le développement de services pour une agriculture durable, avec pour mission d’accompagner les agriculteurs dans la transition vers l’agroécologie grâce à la modélisation du vivant. Son collier connecté « Farm Life », dont les capteurs suivent le comportement de 350 000 vaches laitières dans le monde, peut, par exemple, mesurer les émissions de méthane. « En 2022, nous avons mis en place un service très pratique : un calendrier automatisé du temps passé au pâturage, une demande sociétale qui plaît au consommateur, indique Marie-Laure Biscaye, directrice de la communication d’ITK. Nous allons du champ jusqu’au tank à lait, en prenant en compte un certain nombre d’éléments de la biodiversité. »
La modélisation du vivant et l’ADN environnemental
La transition pourrait aussi passer par la technologie de l’ADN environnemental. Tous les êtres vivants laissent derrière eux des traces d’ADN dans leur salive, urine, gamètes, etc. Ces fragments retrouvés dans l’environnement désignent chacune des espèces de la planète. Des start-up, comme la société de biotechnologie savoyarde Spygen, proposent de décrypter cet ADN et ainsi de répertorier l’ensemble des espèces d’un écosystème. Par exemple, il est possible de réaliser l’analyse de la composition floristique d’un miel. Un prélèvement dans la ruche ou après conditionnement permet d’identifier les taxons de plantes ayant été butinées par les abeilles et donc d’adapter ensuite les plantations.