La permaculture s’appuie sur une approche systémique
Prendre soin de l’humain et de la nature, dans un souci de sécurité alimentaire, et désormais de lutte contre le réchauffement climatique, c’est la philosophie de l’agriculture durable.
Ce mois de juillet 2022 a été le plus sec enregistré par Météo France depuis 1959. Et, d’ici 2100, les épisodes de sécheresse devraient augmenter de 30 à 50 % en France. En jeu : les rendements agricoles et la souveraineté alimentaire. L’irrigation du maïs ou de la clémentine corse est compromise, le blé souffre des canicules… Si, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les rendements de l’agriculture se sont envolés, ils atteignent un plafond qui symbolise la limite du système intensif. Les rendements du blé, par exemple, ont triplé depuis les années 1960, pour atteindre un plateau qui, depuis vingt-cinq ans stagne à 70 quintaux/hectare environ. La révolution verte consistait à utiliser énormément de ressources pour produire de la nourriture en masse. Un modèle à bout de souffle. La permaculture promet, elle, de produire mieux et avec moins.
Permettre au sol de développer sa fertilité naturelle
La conception de systèmes agricoles en permaculture, ou agriculture durable, a été élaborée dans les années 1970 par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren. Fondée sur l’observation des fonctionnements du vivant, elle se veut régénérative. Elle englobe des notions comme l’écologie du sol et des paysages, le biomimétisme, la philosophie… Ces considérations théoriques sont mises en pratique sur le terrain de façon systémique en favorisant des méthodes de culture qui permettent au sol de développer sa fertilité naturelle. La pédologie appelle notamment la couverture par paillage qui limite l’érosion des sols, contrairement au labour.
Permaculture ne signifie pas
rejet de la technologie
ou de la recherche
L’animal est réintégré pour établir un équilibre en polyculture, où les déchets des uns sont les ressources des autres. C’est également sur ce principe que repose la permaculture en mer, ou aquaculture multitrophique intégrée. La permaculture prône une intégration harmonieuse de l’homme dans son environnement. Elle suppose donc le remplacement des produits phytopharmaceutiques par des méthodes naturelles de contrôle, comme les coccinelles, et, de fait, se rapproche de l’agriculture biologique. Et permaculture ne signifie pas rejet de la technologie ou de la recherche : elle peut faire appel à des robots désherbeurs ou des buses permettant un binage précis sans herbicide, des drones pour réaliser la cartographie agronomique d’une parcelle, des capteurs autonomes pour évaluer les taux de minéraux et de nitrates. L’agroécologie regroupe l’ensemble des pratiques agricoles s’inscrivant dans cette démarche. Pas de chiffres officiels, mais le mouvement Pour une agriculture du vivant ambitionne de disposer d’ici cinq ans d’une cartographie des fermes en France incorporant leur indice de régénération. En incluant l’agriculture biologique dans le sujet de la transition agroécologique, le mouvement estime que 15 % des fermes françaises sont en transition. Si elle s’astreint à utiliser moins de sources d’énergie non renouvelable, la permaculture a également pour principe de capter et stocker l’énergie. En ça, elle transforme l’agriculture en alliée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Sélectionner des espèces de plantes à fort potentiel de stockage est donc clé, tout comme favoriser le sylvopastoralisme, qui associe la reforestation et ses sous-bois à la pratique agricole en couvrant les sols pour les protéger et les valoriser.