« C’est le rôle de Metro d’accompagner nos clients sur le sujet de la souveraineté alimentaire »
Quel est le rôle sociétal et environnemental d’un grossiste ?
C’est un maillon essentiel qui permet de sélectionner les produits pour les acheminer vers les professionnels, tout en portant leurs stocks. On l’a vu, ce maillon a joué un rôle indispensable lors de la crise du Covid en approvisionnant les commerces de quartier, qui ont ainsi pu maintenir leur activité au bénéfice de l’ensemble de nos concitoyens. Les grossistes ont de nombreux enjeux environnementaux. Et cela va au-delà de la seule logistique en portant également sur une sélection de qualité, en augmentant la part de circuit court et de produits qui respectent la santé (retrait des additifs controversés, etc.).
Les restaurants sont
les meilleurs ambassadeurs
des produits des terroirs
Nous travaillons avec 4 000 fournisseurs, en majorité des PME/TPE, et formons un trait d’union avec les 400 000 commerces, dont 160 000 restaurateurs, les boulangers, les bouchers, etc. Nos clients professionnels sont des indépendants libres de leurs achats, mais c’est notre rôle de leur parler du sujet de la souveraineté alimentaire et de les accompagner sur cet enjeu. En janvier 2020, nous avons ainsi initié la charte Origine France, signée avec douze fédérations du secteur. Elle a, par exemple, permis de faire passer la part française des produits boucherie de 61 % en 2020 à 63 % en 2022.
Les demandes de vos clients évoluent-elles au rythme de la transformation de la société ?
Le circuit court est un enjeu depuis des années et les restaurants sont les meilleurs ambassadeurs des produits des terroirs. Pour le local, nous travaillons sur la ceinture verte autour de nos 99 halles, en soutien des producteurs. Et nous achetons les produits qu’ils peuvent nous délivrer en respectant leur travail et les impératifs climatiques. Sur le sujet de la viande, si dans la grande distribution il y a une diminution des ventes, dans la restauration, nous constatons que la consommation reste constante. Au restaurant, on veut se faire plaisir avec une belle entrecôte d’une certaine maturation… Quant au bio, la difficulté réside dans la capacité de le mettre en valeur dans les menus, donc la part d’achats bio est à la marge. C’est vraiment le local que les restaurateurs peuvent mettre en valeur car ils savent ce qu’ils doivent à leurs producteurs au niveau territorial.
Comment accompagner la filière dans sa transformation ?
Un grossiste doit savoir vendre des produits mais, surtout, apporter des solutions sur les enjeux de biodiversité et environnementaux avec des réglementations et une société qui évoluent. Nous avons participé aux États généraux de l’alimentation et de l’agriculture durable et nous avons créé la démarche « Mon restaurant passe au durable » sur les bons réflexes à avoir sur des sujets comme l’usage de l’huile, les déchets, les emballages. Nous achetons la grande part de nos produits en agriculture conventionnelle et il faut aider ces producteurs dans leurs démarches pour aller vers une agriculture différente, en maintenant leur activité et en les rémunérant correctement. La durée moyenne de relation avec nos fournisseurs est de vingt ans et, grâce à ces partenariats durables, nous pouvons les accompagner. Nous sommes persuadés que c’est le dialogue et la pédagogie qui sont importants, et c’est le rôle que nous avons dans cette filière.