Les gigafactories annoncent-elles un nouveau printemps pour l’industrie française ?
Les projets de méga usines de batteries se multiplient en Europe, avec le soutien actif de la Commission européenne. En France, trois d’entre elles devraient commencer à produire en 2023. Objectif : réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis des pays d’Asie.
L’Europe connaît une ruée vers les gigafactories. Ce concept inventé par le constructeur Tesla en 2014 désigne des « méga usines » de fabrication des batteries électriques, « giga » indiquant à la fois la taille gigantesque et la capacité à produire des gigawatts.Pour l’instant, le marché des batteries est dominé par les pays d’Asie de l’Est, qui concentrent 90 % de la production mondiale, contre 3 % en Europe. Un retard que les pays de l’Union européenne veulent combler, aiguillonnés par la Commission qui a l’intention de relocaliser les chaînes de valeur des batteries. Celle-ci a d’ailleurs lancé deux projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC), l’« Airbus des batteries électriques » en 2019 et l’« Innovation européenne dans la batterie » en 2021, qu’elle a dotés de 6 milliards d’euros de budget.
Relocaliser
les chaînes
de valeur
des batteries
en Europe.
Une quarantaine de gigafactories d’une puissance supérieure à 10 GWh sont d’ores et déjà prévues sur le continent au cours de la prochaine décennie, avec une capacité totale annoncée de 730 GWh pour 2030, correspondant à 25 % de la production mondiale de batteries. En France, plusieurs projets majeurs sont annoncés. L’un des plus avancé est celui d’Automotive Cells Company (ACC), une coentreprise qui réunit Stellantis, Mercedes et Saft, une filiale de TotalEnergies. ACC a déjà inauguré une première usine pilote à Nersac (Charente). Trois autres sont en construction à Douvrin (Nord), et devraient démarrer leur production fin 2023, avec à la clé 2 000 emplois sur chaque site. L’objectif est d’atteindre une capacité installée de 120 GWh d’ici 2030.
Batteries à haute performance et piles de grande puissance
Autre projet de gigafactory, celui de Verkor, une start-up grenobloise qui, faute de foncier disponible dans l’agglomération dauphinoise, va construire à Dunkerque sa première usine de production de cellules de batterie « à faible teneur en carbone et à haute performance ». Elle bénéficie du soutien de Renault, Schneider Electric et Arkema. Les premières livraisons sont prévues pour juillet 2025, et la capacité de l’usine devrait être portée à 16 GWh en 2025 et à 50 GWh en 2030. Au total, 2,5 milliards d’euros ont été investis, avec un potentiel de 2 000 emplois à l’horizon 2030. Mais les gigafactories ne sont pas l’apanage des grands groupes industriels. À Blanquefort, près de Bordeaux, sur le site d’une ancienne usine de boîtes de vitesse de Ford Aquitaine Industries, la première gigafactory de piles à combustible de grande puissance en Europe devrait être inaugurée à l’automne 2023. Son constructeur, Hydrogène de France (HDF Energy), un producteur indépendant d’électricité renouvelable, a investi 15 millions d’euros, financés par une levée de fonds. L’usine produira en série des piles à hydrogène d’une puissance supérieure à 1 MW, destinées au stockage stationnaire d’énergie renouvelable, sur la base d’une technologie développée par le canadien Ballard Power Systems, leader mondial des bus à hydrogène. La capacité de production pourrait être portée à 300 MW en 2025 et à 500 MW d’ici 2030, grâce à des financements européens.