Hauts-de-France • L’avenir décarboné de l’industrie française s’écrit à Dunkerque
La zone industrielle la plus septentrionale de France possède de nombreux atouts pour réussir sa décarbonation. La plupart des infrastructures indispensables au développement d’une filière de l’hydrogène vert sont déjà en place.
Dunkerque sera-t-elle la future capitale de la décarbonation à la française ? La ville en possède déjà tous les atouts. Bassin industriel majeur et première plateforme énergétique d’Europe, elle accueille en effet plusieurs fleurons de l’industrie française et européenne : ArcelorMittal, Eqiom, Eramet, BASF, Ferroglobe, Air Liquide, EDF, Engie, TotalEnergies… Soit 460 entreprises industrielles au total. Revers de la médaille : la plateforme industrialo-portuaire génère 13,7 millions de tonnes de CO2 par an, soit 21 %des émissions industrielles de France.
21 % des gaz à effet de serre
industriels français sont émis
à Dunkerque.
Sa décarbonation faciliterait donc grandement la réalisation des objectifs de réduction des émissions de 55 % en Europe d’ici 2030, et de neutralité carbone en France en 2050. Par chance, ses infrastructures denses en font l’un des seuls territoires en Europe capable de mettre en place une filière de l’hydrogène vert en lui assurant des débouchés commerciaux immédiats. Parmi celles-ci, le territoire compte une « autoroute de la chaleur » qui exploite la vapeur industrielle pour alimenter des processus existants ; un réseau de transport et d’importation de gaz (atterrage de l’un des plus grands gazoducs du monde et deuxième terminal méthanier d’Europe) ; un réseau d’eaux industrielles (22 millions de m3 par an).
Électricité bas carbone et potentiel foncier prometteur
Le bassin possède déjà un mix électrique bas carbone. La centrale nucléaire de Gravelines, à 20 km de Dunkerque, a une capacité de 32,6 TWh. D’ici 2027, un champ éolien offshore produira jusqu’à 600 MW d’électricité et le port projette de s’équiper de centrales photovoltaïques d’une capacité de 40 MW en 2023. TotalEnergies a aménagé le plus puissant site français de stockage d’électricité, d’une capacité de 61 MW. Ces avantages cumulés laissent envisager la production de 350 000 tonnes d’hydrogène vert par an à l’horizon 2028, de quoi assurer la décarbonation des activités industrielles locales. Avantage supplémentaire : le territoire dispose d’un potentiel foncier de 3 000 hectars susceptible d’accueillir rapidement de nouvelles activités bas carbone. C’est ainsi que Verkor, fabricant de cellules de batteries bas carbone, a annoncé en février 2022 la construction d’une gigafactory d’une capacité de production de 16 GWh à son ouverture en 2025, qui pourra être portée à 50 GWh en 2030. Le grand port maritime de Dunkerque est aussi engagé dans la décarbonation de ses moyens logistiques. Pionnier en France, il a proposé l’électrification à quai des navires porte-conteneurs et étudie l’implantation de stations multi-énergie pour le transport routier et l’avitaillement des navires en gaz naturel. Sa part de transport « alternatif », qui combine le fluvial et le ferroviaire, est de l’ordre de 65%. Enfin, pour encourager les démarches de décarbonation et d’écologie industrielle, un collectif territorial réunissant la communauté urbaine, le port, la CCI Littoral Hauts-de-France, la région Hauts-de-France et les industriels a lancé le projet « Dunkerque, l’énergie créative ». Il prévoit d’investir 1,5 à 3 milliards d’euros d’ici 2030 pour développer des solutions sobres en matières premières et en énergie, et faire de l’agglomération le premier hub français CO2 et hydrogène dédié à la décarbonation.