« L’agglomération de Mulhouse crée les conditions pour décarboner ses industries »
En 2021, Mulhouse Alsace Agglomération a répondu à l’appel à projets de l’Ademe « Écosystèmes territoriaux d’hydrogène ». Quels étaient ses atouts ?
Malgré le mouvement de désindustrialisation qui la frappe depuis quatre décennies, Mulhouse conserve un tissu industriel important, et 17 % de ses emplois sont dans l’industrie. Elle se préoccupe d’accompagner les entreprises de son territoire dans l’innovation et, ces dernières années, dans la transition climatique et la décarbonation, et elle s’est posé assez tôt la question des énergies nouvelles, dont l’hydrogène. L’appel à projets de l’Ademe soutenait les projets d’hydrogène décarboné à deux conditions : être producteur et acteur dans son utilisation. Nous avons donc réuni en amont tous les industriels intéressés, ceux qui produisent de l’hydrogène et ceux qui en ont besoin.
Qui sont les producteurs d’hydrogène de l’agglomération ?
Il y en a plusieurs. Par exemple Linde France, filiale du groupe allemand Linde, leader mondial des gaz industriels et médicaux, qui porte un projet de production industrielle soutenu par l’agglomération. Ou encore Borealis, leader européen des engrais et du recyclage des plastiques, qui s’est allié à Hynamics, filiale d’EDF spécialisée dans l’hydrogène décarboné, pour construire un méthaniseur de 50 MW et produire 4 300 tonnes d’hydrogène bas carbone par an.
Les usages de l’hydrogène seront-ils locaux ?
Oui, nous avons monté un groupe de travail avec des industriels, des transporteurs et des gestionnaires d’infrastructures pour identifier des usages sur le territoire. L’aéroport Bâle-Mulhouse envisage d’utiliser l’hydrogène pour ses véhicules et ses navettes.
Un groupe de travail
pour identifier
les usages de l’hydrogène
sur le territoire.
Les Ports de Mulhouse-Rhin pourraient faire naviguer des barges et des péniches à hydrogène. Même les trains vont rouler à l’hydrogène dans un futur proche. L’agglomération y met du sien : elle s’est engagée à acheter en 2023 des bennes à ordures fonctionnant à l’hydrogène et elle pourrait convertir sa flotte d’ici 2030. Et comme Mulhouse est un important hub européen, une première station hydrogène devrait bientôt être installée près de l’autoroute.
En quoi consiste le programme « Blue Industries Sud Alsace » de votre collectivité ?
C’est un programme global de décarbonation de l’économie de l’agglomération, qui va au-delà de l’hydrogène. La candidature de Mulhouse à l’appel à projets national de l’Ademe s’inscrivait précisément dans ce programme, qui aborde toutes les solutions possibles pour répondre aux enjeux de la décarbonation. Avec l’ensemble des acteurs économiques, nous réfléchissons à la capture et à la réutilisation industrielle du CO2, aux énergies renouvelables, à la gestion de l’eau et de la chaleur. C’est ainsi que la chaleur fatale produite par les fours d’Euroglas – filiale du groupe suisse Glas Trösch qui fabrique différents types de verres –, qui fonctionnent 24 heures sur 24, va être réutilisée dans les réseaux de la ville, voire dans l’usine Peugeot qui jouxte le futur tuyau de récupération. « Blue Industries Sud Alsace » a donc pour but d’aider les industries existantes à se décarboner et de réindustrialiser le territoire sans recarboner.