Questions à… Sabrina Soussan, présidente-directrice générale de Suez
Suez veut devenir le partenaire de confiance des solutions circulaires dans l’eau et les déchets. Comment les déchets peuvent-ils contribuer à décarboner l’industrie ?
La chaleur ou l’électricité produites à partir de déchets ménagers incinérés peut alimenter des villes, des réseaux de chaleur, des sites industriels, et se substituer à 11 millions de barils de pétrole par an selon l’Ademe. Dès 2024, nous utiliserons cette électricité pour produire de l’hydrogène sur notre site de Créteil. Autre forme de valorisation, la méthanisation qui permet de produire du biogaz et des biocarburants. Nos méthaniseurs peuvent être alimentés par les déchets de la restauration collective, des supermarchés, de l’industrie ou de l’agriculture. La Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit que l’obligation de tri à la source créera un potentiel supplémentaire de 3,5 TWh en 2025, en veillant à ne pas privilégier la production agricole à des fins énergétiques plutôt qu’alimentaires. Bientôt, la « méthanation » permettra d’aller plus loin en transformant 95 % du carbone en biométhane, qui, gazeux ou liquide, pourra être utilisé comme carburant.
Vous avez également des projets à partir des boues de vos stations d’épuration ?
Actuellement, seulement 15 % des usines de traitement des villes de plus de 30 000 habitants sont équipées d’une unité de méthanisation transformant les boues résiduelles en biogaz, soit un potentiel de 2 130 GWh/an et l’équivalent de la consommation annuelle en gaz de 1,4 million d’habitants. Nous avons annoncé le 18 octobre dernier l’acquisition de BioEnTech, start-up pionnière dans l’optimisation des unités de méthanisation. En Europe, la Commission européenne a lancé l’initiative « Repower Europe » afin de développer la capacité de production de biométhane, principalement à partir du biogaz de méthanisation, et ainsi multiplier par 11 la quantité produite d’ici 2030.