Chine • La décarbonation de l’économie chinoise est en bonne voie
En octobre 2021, la Chine a lancé un plan d’action pour réduire ses émissions industrielles de gaz à effet de serre. Les industries devront plafonner leurs émissions d’ici fin 2030, et viser la neutralité carbone en 2060.
La Chine est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre (GES) du monde, et ses industries sont responsables d’environ un quart de ses émissions. Leur décarbonation aurait donc un impact significatif sur le climat. C’est le but du plan d’action ambitieux annoncé en octobre 2021 par le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information. Son objectif : plafonner les émissions de CO2 en 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2060.
Ce plan contient un ensemble de directives à destination des agences gouvernementales, comme l’Agence nationale de l’énergie, et des entreprises industrielles pour qu’elles assurent la décarbonation de l’appareil industriel chinois tout en garantissant une croissance économique durable.
Il prévoit de renforcer le contrôle des projets très consommateurs d’énergie et très émetteurs de carbone, de limiter le nombre d’autorisations accordées à de nouveaux projets, et d’annuler les projets non conformes. Ces mesures s’appliquent à la sidérurgie, au ciment et à l’aluminium, qui vont aussi progressivement rejoindre le système chinois d’échange de quotas d’émission. Les agences gouvernementales devront référencer toutes les technologies à faibles émissions de GES et soutenir financièrement leur développement. Les Nouvelles routes de la soie, ce grand projet stratégique chinois qui vise à relier économiquement la Chine à l’Europe via l’Asie Centrale, privilégieront les produits à faible teneur en carbone.
Le découplage de l’économie chinoise a commencé en 2010
Par ailleurs, la Chine veut réduire sa dépendance au charbon et aux importations de pétrole en soutenant la production d’énergies renouvelables. Ainsi sont prévus davantage de centrales solaires photovoltaïques dotées de capacités de stockage, l’utilisation de l’hydrogène dans la décarbonation industrielle et le remplacement du charbon par le gaz naturel dans la production d’électricité. Dans ce domaine, la Chine affiche des résultats encourageants : en 2020, la capacité de production d’énergie éolienne a augmenté de près de 100 GW, et celle de l’énergie solaire, de 50 GW. La part des énergies non fossiles doit atteindre 80 % du mix énergétique national d’ici 2060, avec une capacité solaire et éolienne combinée de 1 200 GW d’ici 2030.
Enfin, des solutions de capture et de stockage de CO2 seront mises en œuvre par la sidérurgie et les matériaux de construction. Les raffineries et les usines pétrochimiques devront améliorer leur capacité à traiter des matières premières à faible teneur en carbone.
La Chine réussira-t-elle son pari ? Les enjeux sont élevés et le temps presse. Mais le découplage de l’économie chinoise a commencé : depuis 2010, le PIB par habitant a doublé tandis que les émissions de GES par habitant augmentaient de 15 %. Reste que la Chine doit passer du pic d’émissions à la neutralité carbone en un temps record : quarante ans à peine, dix pour faire basculer sa courbe d’émissions, trente pour ramener à un niveau négatif ses 10 gigatonnes annuelles d’émissions de CO2. Les efforts que l’Union européenne doit fournir sur la même période pour tenir son engagement de neutralité correspondent à un tiers environ de ceux de la Chine.