L’Europe du Nord à la pointe de l’innovation décarbonée
Deux projets pilotes de production d’hydrogène en mer testés en Europe du Nord
L’hydrogène vert produit à partir d’électricité éolienne marine, qui bénéficie de prix compétitifs grâce aux économies d’échelle sur les parcs de grande puissance, pourrait s’avérer essentiel à la décarbonation de l’industrie et de certaines mobilités. Celle-ci nécessitera en effet d’importantes quantités d’hydrogène, donc d’électricité décarbonée. Or les capacités de production à terre seront sans aucun doute insuffisantes. Autre avantage de l’hydrogène produit en mer : la proximité avec les industriels consommateurs, concentrés dans les zones industrialo-portuaires et les vallées des fleuves.
C’est en Europe du Nord que plusieurs acteurs de l’éolien en mer, où l’énergéticien allemand RWE occupe une place de premier plan, se sont regroupés pour mener deux programmes visant à identifier les meilleures options industrielles, technologiques et opérationnelles pour un développement industriel de l’offshore destiné à la production d’hydrogène.
En mer du Nord, le programme AcquaVentus vise 10 gigawatts d’électricité éolienne offshore dédiés à la production d’hydrogène vert produit en mer. Ce programme couvre toute la chaîne de valeur de la production en mer jusqu’à la livraison des consommateurs à terre dès 2025, en passant par le transport de cet hydrogène vert par pipeline.
Au nord des Pays-Bas, le consortium NortH2, qui réunit des industriels, le port et la province de Groningen, étudie aussi les conditions de faisabilité d’un approvisionnement à grande échelle des industriels en hydrogène vert à horizon 2040. D’abord produit à partir d’électricité renouvelable terrestre, puis également d’hydrogène « marin ».
La Suède et le Danemark, pionniers de la décarbonation
Après deux ans de recherche, le consortium suédois Hybrit, qui réunit le sidérurgiste SSAB, la compagnie minière LKAB et l’énergéticien Vattenfall, a réussi une première : produire de l’acier sans charbon. Il s’agit d’éliminer l’oxygène du minerai de fer grâce à de l’hydrogène décarboné et de supprimer le coke, combustible très polluant dérivé du charbon. En septembre 2021, les premiers lots d’acier décarboné sont livrés à Volvo qui les utilise dans des prototypes de véhicules, se rapprochant de l’objectif de neutralité carbone qu’il vise en 2040.
Depuis quarante ans, le Danemark expérimente l’écologie industrielle sur le parc d’activités de Kalundborg : la centrale de cogénération brûle les gaz de la raffinerie voisine pour produire de l’électricité et de la vapeur, la chaleur récupérée est utilisée par la ferme piscicole, les cendres issues de la combustion sont envoyées à une cimenterie, etc. Affinés au fil des ans, ces échanges entre entreprises réduisent les coûts et l’impact environnemental et contribuent à découpler croissance économique et exploitation de ressources naturelles. L’énergéticien Ørsted propose maintenant de décliner cette logique de circularité au carbone. Il prévoit d’en capturer 400 000 tonnes par an, issues de sa propre centrale de cogénération et de la raffinerie de pétrole voisine. Ce CO2 sera ensuite soit combiné à de l’hydrogène renouvelable pour produire du carburant vert, soit expédié vers des sites de stockage en mer du Nord.