L’ÉDITO DE THOMAS BONNEL
Ce numéro n’exprime pas la nostalgie d’une France industrielle, celle des années 1970, des hauts-fourneaux, des chantiers navals, celle où l’Île Seguin, à Boulogne-Billancourt, incarnait l’usine Renault, ses 35 000 salariés et ses milliers de voitures qui rejoignaient chaque jour la rive par le pont du même nom. Il faut se rendre à l’évidence : comme ses voisins européens, la France doit réconcilier deux objectifs apparemment opposés. D’une part accélérer la transition écologique et donc la décarbonation de ses activités – même si elle bénéficie d’une production d’énergie en grande partie peu émettrice de CO2, de nombreux secteurs contribuent encore fortement aux émissions de GES (transports, industrie, bâtiment…). D’autre part, réduire sa dépendance aux importations d’énergie (gaz et pétrole), de biens manufacturés et de première nécessité, dont on mesure à l’aune de la crise actuelle l’urgence stratégique : son impact est doublement délétère, au plan économique et environnemental. Deux objectifs donc, moins opposés qu’on pourrait le croire, car la décarbonation peut être un levier de la réindustrialisation. Or, l’Hexagone dispose dans ce contexte d’atouts majeurs : une culture de l’innovation soutenue par des investissements publics massifs, au plan local et national (54 milliards d’euros prévus par le plan France 2030) ; des talents, chercheurs, start-up, qu’il faut encourager ; et un potentiel exceptionnel pour développer les ENR – photovoltaïque et agrivoltaisme, investissement dans l’hydrogène vert, gisements éoliens, notamment offshore (voir l’interview de Pierre Peysson, RWE Renewables France, p. 18-19). Certes, tout ceci a un coût. Mais le jeu en vaut la chandelle et il n’est plus temps d’attendre.