« La décarbonation est un puissant levier de réindustrialisation »
Quels sont les objectifs du gouvernement en matière de décarbonation de l’industrie ? À quelles échéances ?
L’ambition du gouvernement est de faire de ce quinquennat celui de l’accélération de la transition écologique, pour atteindre l’objectif de -55 % d’émissions de gaz à effet de serre en 2030 et celui de la neutralité carbone en 2050, que nous nous sommes fixés ensemble au niveau européen.
L’industrie doit
aider les autres
secteurs
à se décarboner.
Pour la France, cela implique de faire plus en dix ans que nous n’avons réalisé sur les trente dernières années, ou encore de doubler le rythme de réduction des émissions de GES, que nous avons déjà doublé sous le précédent quinquennat. Mon objectif est que l’industrie joue un rôle majeur dans cette transition, non seulement en réduisant drastiquement ses émissions, par une décarbonation en profondeur de nos modes de production qui est une véritable révolution industrielle, mais aussi en fournissant des solutions pour la décarbonation des autres secteurs.
Quels moyens le gouvernement prévoit-il d’y consacrer ?
Le plan France 2030, annoncé en 2021 par le président de la République, prévoit d’investir 54 milliards d’euros pour l’innovation et la transformation de notre économie, dont 50 % contribuant à la transition écologique. Ces moyens sans précédent sont à la hauteur de l’enjeu industriel et économique historique qu’est la transition écologique.
Qu’en sera-t-il de la réindustrialisation ? À quelles conditions seront soumis les nouveaux projets ?
Décarboner l’industrie existante, c’est aussi développer l’industrie de demain. Transition écologique et réindustrialisation ne s’opposent pas mais se complètent, car la décarbonation est un puissant levier de réindustrialisation. L’industrie de demain aura besoin d’hydrogène, de batteries, de moteurs électriques, de sources d’énergie renouvelable… Et une industrie décarbonée est aussi une industrie plus compétitive.
Comment la France se situe-t-elle dans la course à la décarbonation ?
L’Europe a vingt ans d’avance grâce à sa prise de conscience précoce du problème climatique. La France aussi a de l’avance. Nous avons le mix électrique le plus décarboné au monde parmi les grands pays industrialisés, nous avons une filière biocarburant pionnière au niveau mondial, nous sommes leader du ferroviaire à grande vitesse, technologie de décarbonation par excellence. Plus récemment, grâce à France Relance, nous avons encore accéléré : nous sommes les premiers au monde à avoir lancé la décarbonation de technologies clé comme la production d’acier avec le projet d’Arcelor de produire de l’acier sans émissions de CO2 à Dunkerque. Mais nous devons accélérer. Les normes du monde décarboné de demain sont en train de s’écrire : la Chine a déjà largement engagé son virage avec l’engagement d’inverser la courbe des émissions avant 2030. Les États-Unis sont en train de le faire avec l’Inflation Reduction Act. Nous devons investir au même niveau pour nous assurer la maîtrise des technologies clé de demain : ne manquons pas la révolution industrielle de la décarbonation.