« Nous allons rapidement entrer dans une compétition rude entre territoires »
Comment se présente le paysage caennais de l’enseignement supérieur ?
Notre territoire se caractérise par une offre de formations supérieures très riche, portée par une grande université (33 300 étudiants) et par des écoles de management, de travaux publics, d’informatique et d’ingénieurs renommées. Nous sommes par ailleurs l’une des villes de France les mieux dotées en lits Crous. Des atouts qui lui valent une forte attractivité auprès des étudiants, dont le nombre ne cesse de croître depuis dix ans. Nous devons encore travailler à attirer davantage de doctorants et d’étudiants internationaux.
La diversité de l’offre d’enseignement est-elle un levier important d’attractivité ?
Elle a toujours été forte à Caen et elle est plus que jamais un marqueur de différentiation pour le territoire. Mais elle est aussi une nécessité.
Un travail permanent d’échanges
directs entre élus et représentants
du tissu économique
L’offre de formation s’inscrit de plain-pied dans un écosystème économique très diversifié, fédérant près de 26 000 entreprises et 43 laboratoires de recherche, avec un marché de l’emploi par conséquent assez vaste, où toutes les compétences sont recherchées. L’effort de densification de l’offre de formation cible en priorité les secteurs stratégiquement porteurs. Nous avons bâti au fil des années, à l’université et dans les écoles, des filières reconnues dans les secteurs de la santé, du numérique et du nucléaire, qui concourent à faire de Caen-la-Mer un territoire d’excellence. Elles bénéficient, à ce titre, du soutien des collectivités. L’installation à Caen de l’Isen, école d’ingénieurs dédiée aux métiers du numérique – en grande partie financée par la Région Normandie – résonne ainsi comme une excellente nouvelle pour le territoire. Mais il faut également répondre aux besoins d’emploi des nombreuses entreprises dans l’agroalimentaire, le tourisme, la pharmacie, l’automobile.
Les actions menées pour l’enseignement supérieur renvoient donc directement à l’emploi ?
Tout ce qui contribue à renforcer l’offre d’enseignement supérieur sur un territoire est bon pour les entreprises et donc pour l’emploi. Mais il ne faut pas se faire d’illusion, démographie oblige, même avec de belles offres, nous allons rapidement devoir entrer dans une compétition rude entre territoires. La bataille de la formation et de l’emploi se jouera aussi sur le terrain du marketing territorial.
Comment la communauté urbaine entretient-elle le dialogue avec les employeurs ?
Cela passe par des rendez-vous formels réguliers, comme notre « conseil des entrepreneurs », ou par des événements dédiés à l’emploi. Nous avons, par exemple, récemment accompagné à Paris une quinzaine d’entreprises sur un job dating, en partenariat avec le conseil départemental du Calvados. Cela passe aussi par des rencontres dans le cadre d’organisations comme le groupe French Tech de Caen-la-Mer. Il y a enfin un travail permanent, plus informel, très transversal, d’échanges directs entre les élus et les représentants du tissu économique. Ces échanges nous montrent d’ailleurs que beaucoup d’entreprises du territoire, et pas seulement parmi les plus petites, ignorent la richesse de l’offre locale de formation et n’ont pas conscience du vivier de compétences disponibles au service de leur développement. Il nous faut donc communiquer davantage dans ce sens. Nous y travaillons. L’objectif est d’aider la croissance de nos entreprises et, ce faisant, d’encourager les jeunes diplômés à s’installer et vivre sur le territoire.