Le mentorat contre les inégalités territoriales
Dans un paysage marqué par le tropisme parisien, des associations comme Chemins d’avenirs agissent pour une plus grande égalité d’accès aux études.
Loin de se réduire à des métriques socio-économiques ou de genre, l’inégalité des chances devant les études supérieures renvoie peut-être, avant tout, à des marqueurs territoriaux. Tous les travaux menés pour analyser les clés d’accès et de réussite aux cursus en France pointent une première fracture majeure entre Paris (plus largement l’Île-de-France) et le « reste » du pays, doublée d’écarts entre grandes villes et zones éloignées de la métropolisation. Des distorsions aujourd’hui largement renseignées, que la sociologie explique par des phénomènes conjugués : autocensure, déficit d’informations, difficultés financières, isolement. Plusieurs associations se sont créées pour contrevenir à ces facteurs qui empêchent encore trop de lycéens des territoires d’intégrer des cursus sélectifs, souvent concentrés dans les grandes agglomérations. Depuis 2016, Chemins d’avenirs s’attache ainsi à combler le trou dans la raquette de l’égalité des chances entre les jeunes Français, en conjuguant actions de terrain et stratégie d’influence.
2 500 jeunes accompagnés en cinq ans
Chaque bénéficiaire est accompagné, sans conditions de résultats scolaires ni critères sociaux, sur une période d’au moins un an, par un parrain bénévole (actif ou étudiant en fin de parcours) qui s’engage à consacrer près de deux heures mensuelles à son ou sa filleul(le).
L’autocensure,
un facteur d’inégalité
à ne pas négliger
En 2021, ce sont 1 700 jeunes dans huit académies et 52 établissements partenaires qui ont ainsi bénéficié d’un parrainage. « Après une première année pilote au sein de l’académie de Clermont-Ferrand, Chemins d’avenirs est entrée dans une phase d’expérimentation marquée par le déploiement progressif de nos actions, la densification de nos méthodes pédagogiques et la professionnalisation de notre structure. Forte de cinq années d’expérience de terrain auprès de 2 500 jeunes, l’association poursuit désormais son évolution et entre dans une phase dédiée à la maximisation de son impact », explique Salomé Berlioux, fondatrice et directrice générale.
Expérimentations de politiques publiques
Outre ces actions, l’association bataille pour faire bouger les représentations et la décision publique. Cette stratégie de plaidoyer a permis de faire émerger des expérimentations, comme le programme Territoires éducatifs ruraux, déployé à destination de 40 000 élèves de 23 territoires pilotes des académies de Caen-Rouen, Amiens et Nancy-Metz. Avec sept autres associations réunies au sein du Collectif Mentorat, Chemins d’avenirs est également à l’origine du plan « Un jeune, un mentor », qui vise l’accompagnement de 100 000 jeunes sur la période 2021-2022.
Des territoires aux grandes écoles : un réseau au plus près du terrain
Initiée au Pays basque, auditionnée en 2016 par le Conseil économique et social, l’initiative Des territoires aux grandes écoles est aujourd’hui présente sur une vingtaine de territoires métropolitains et ultramarins. Elle a donné naissance en 2017 à la Fédération des territoires aux grandes écoles, qui regroupe 44 associations locales unies par une ambition commune : contribuer à l’égalité des chances et au développement économique des territoires. Interventions, mentorat, concours d’éloquence, visites culturelles, conventions passées avec 154 lycées : en 2021, le réseau a touché 15 400 jeunes et en a mentoré près de 700.