La formation est clé pour assurer la montée en puissance
L’hydrogène décarboné et les piles à combustible devraient représenter 100 000 emplois en 2030… au lieu de 3 500 aujourd’hui. Les formations doivent rapidement être effectives pour pallier les manques de compétences au moment où elles seront requises.
« La structuration de la formation est l’un des défis à relever, quand on voit la courbe de pénétration des technologies hydrogène dans les années à venir », constate Pauline Chartier (Faurecia). En effet, l’hydrogène est, actuellement, une thématique diffuse dans l’offre globale des formations scientifiques, relève France Hydrogène. « Une filière industrielle se met en place. Trois fabricants d’électrolyseurs, McPhy, John Cockerill et Elogen, ont obtenu des aides du gouvernement, pour la construction de gigafactory. Mais, au-delà de ces annonces, il faut penser aux emplois qui iront avec. À ce jour, aucune école ne forme à l’hydrogène. Or, cette énergie va révolutionner les métiers ! », alerte Jean-Philippe Olivier, DG de Samfi/H2V. Avec des notions de sécurité non négligeables à prévoir. « L’hydrogène est un gaz très explosif. Les garagistes ont l’habitude des moteurs thermiques. Ils doivent appréhender désormais les moteurs électriques et hydrogène. »
Des métiers et compétences déjà en tension
Dans ses futures usines, H2V évalue ses besoins à « 35 BTS spécialisés en hydrogène par tranche de 100 MW ». Les métiers de la mobilité seront aussi concernés, notamment pour « la maintenance et l’entretien des stations hydrogène », ajoute Jean-Philippe Olivier. Problème : la filière hydrogène fait appel aux mêmes métiers et compétences que d’autres filières déjà en tension, que ce soit au niveau opérationnel (soudeur, technicien d’essai et maintenance industriel) ou dans le domaine de la métrologie et contrôle qualité. Face à l’urgence, des initiatives essaiment dans les territoires. En Normandie, le consortium H2 Academy a ouvert, en septembre 2021, au lycée Pierre-de-Coubertin, à Bolbec, un BTS Maintenance des systèmes énergétiques et fluidiques. En Bretagne, l’IUT Lorient propose un nouveau parcours intitulé « Gestionnaire énergies, énergies nouvelles, hydrogène », dans le cadre d’une licence professionnelle.
De son côté, Symbio vient de lancer la Symbio Hydrogen Academy. Ce dispositif dispense des formations professionnelles aux collaborateurs du groupe, mais aussi aux clients, fournisseurs et partenaires, pour contribuer à la montée en compétence de l’ensemble de la filière automobile. Autre initiative, cinq lycées de Bourgogne-Franche-Comté sont équipés de stations hydrogène MaHyTec, pour accroître les connaissances sur l’hydrogène des lycéens.
Reconversions et sensibilisation des jeunes
Une partie des besoins en personnel sera aussi couverte par une reconversion de secteurs industriels. Comme à Béziers, où l’usine Cameron (environ 500 salariés), qui a produit pendant des décennies des équipements de sécurité pour l’industrie pétrolière et gazière, va muter progressivement en gigafactory d’électrolyseurs à haute température. Jusqu’à présent coupée de la ville dont elle est pourtant l’un des plus importants employeurs privés, l’usine devrait s’insérer davantage dans son environnement. « Nous manquons de vocations. Celles-ci doivent apparaître très tôt, dès le collège chez les garçons comme chez les filles. Je compte ouvrir le site aux établissements scolaires, en insistant sur le manufacturing digital, qui parle aux jeunes générations, et sur les possibilités d’évolution professionnelle. Il faut briser le mythe de « l’usine Germinal », et donner l’envie aux jeunes de se projeter dans les métiers du génie industriel », explique Florence Lambert, PDG de Genvia. La Région Occitanie, actionnaire de Genvia, a récemment répondu à un appel à manifestation d’intérêt « Soutenir les besoins en compétences de la filière hydrogène ».