Production d’hydrogène décarboné : les industriels se transforment
Zoom sur les géants industriels tricolores qui orientent leurs stratégies d’investissement pour accompagner le développement de l’hydrogène vert. Les approches d’Air Liquide, TotalEnergies, Engie et Hynamics (EDF).
Air Liquide exploite des projets élaborés par d’autres partenaires
Avec Air Liquide Normand’Hy (ex-H2V Normandy, cf. p.22, le déploiement de H2V), Air Liquide prévoit de construire un site d’électrolyse à grande échelle d’au moins 200 MW pour la production d’hydrogène renouvelable. Situé dans la zone de Port-Jérôme, proche du Havre, le site permettra d’éviter l’émission de plus de 250 000 tonnes de CO2 par an. Il sera équipé d’électrolyseurs Siemens. La mise en service est prévue pour 2025. Parallèlement à ce projet, Air Liquide va reprendre et exploiter la plateforme « Normandie » de TotalEnergies, située à Gonfreville (76). L’unité de production, d’une capacité de 255 t/jour, sera raccordée au réseau hydrogène d’Air Liquide, permettant de développer le premier réseau hydrogène bas carbone du monde. À Dunkerque, Air Liquide a passé un accord avec ArcelorMittal, qui souhaite produire 600 000 tonnes d’acier décarboné en 2022. Air Liquide combine l’usage d’hydrogène bas carbone et les technologies de captage de CO2, avant l’utilisation massive d’hydrogène renouvelable.
Coopération entre Engie et TotalEnergies sur le projet Masshylia
Dans le cadre du projet Masshylia, les deux industriels ont signé un accord de coopération pour construire et exploiter un des plus grands sites de production d’hydrogène renouvelable de France. Situé à Châteauneuf-les-Martigues (13), au cœur de la bioraffinerie de Total à La Mède, l’électrolyseur de 40 MW produira 5 tonnes d’hydrogène vert par jour. Le site sera alimenté par des fermes solaires d’une capacité globale de plus de 100 MW, et permettra d’éviter le rejet de 15 000 tonnes de CO2 à partir de 2024.
Taxis parisiens : TotalEnergies et Air Liquide au capital de Hysetco
TotalEnergies et Air Liquide sont présents au capital du consortium Hysetco, qui détient une flotte d’environ 700 taxis à Paris. Thermiques, ces derniers seront progressivement renouvelés par des modèles à hydrogène d’ici 2024, exploités sous la marque Hype. Outre cette entrée au capital, à hauteur de 20 %, Total prévoit de mettre à disposition son réseau pour faciliter le déploiement de nouvelles stations hydrogène.
Un fonds d’investissement dans l’hydrogène décarboné
Air Liquide, TotalEnergies et Vinci s’associent à Ardian et Five-T pour lancer Hy24, un fonds d’investissement dans l’hydrogène décarboné. Sur les 800 M€ réunis, les trois fondateurs mettent chacun 100 M€ sur la table. En s’appuyant sur des emprunts et sur l’aide de politiques publiques, le fonds pourrait financer pour 15 Md€ de projets sur toute la chaîne de valeur de l’hydrogène décarboné au niveau mondial.
Hynamics (EDF) accompagne les collectivités dans le développement de réseaux de bus à hydrogène
Avec sa filiale Hynamics, dédiée à la production et la commercialisation d’hydrogène 100 % bas carbone renouvelable, le groupe EDF entend devenir l’un des leaders européens du secteur. Les applications pour la mobilité seront fléchées dans un premier temps vers la mobilité lourde, où l’hydrogène rivalise avantageusement avec la batterie électrique, « pour des raisons de temps d’autonomie, de temps de recharge et de quantité d’énergie à transporter », résume Christelle Rouillé, directrice générale d’Hynamics. La société, à la fois « développeur, investisseur, exploitant et mainteneur », a été créée en avril 2019 avec l’intention de loger des actifs dans des entreprises pour investir dans plusieurs ouvrages de production.
Hynamics s’associe à des sociétés de projets montées localement. Par exemple, la Sem Tandem, à Belfort, dédiée à la construction d’une station multimodale de production et distribution d’hydrogène décarboné, va entrer de manière minoritaire dans HY4, créée par Hynamics. Cette station permettra notamment, à partir du printemps 2023, d’alimenter une flotte de sept bus à hydrogène opérés par Régie des transports du Territoire de Belfort, pour une liaison inter-agglomérations.
Genvia : la création d’un consortium public-privé pour transformer une technologie du CEA
Créée en mars 2021, Genvia, basée à Béziers (Hérault), va industrialiser une technologie de rupture dans la production d’hydrogène : l’électrolyse à haute température. Start-up issue du CEA, Genvia est une société industrielle détenue par le CEA, Schlumberger New Energy, Vinci Construction, Vicat et la Région Occitanie.