« Le mix énergétique devient la tendance pour décarboner nos mobilités »
Un bus à hydrogène circule au Mans depuis septembre 2020. Dix autres vont bientôt être commandés. Pourquoi ce choix de l’hydrogène ?
Le mix énergétique devient la tendance pour décarboner nos mobilités urbaines. La batterie électrique est appropriée quand il n’y a pas de besoin de beaucoup d’autonomie et de puissance. Mais sur des bus articulés de 18 mètres de long, ou les bennes à ordures ménagères, l’hydrogène s’avère plus adapté. L’élu doit choisir le meilleur rapport entre le coût, l’usage et l’impact environnemental. En sachant que le surcoût pour un bus à hydrogène est en partie subventionné.
Quels sont la feuille de route et les objectifs au Mans ?
La métropole va lancer un AMI pour constituer un consortium englobant producteur, distributeur et utilisateur, en vue de la création d’une station. Ce consortium répondra aux prochains appels à projets de l’Ademe. Au début, la production de la station sera peut-être supérieure aux usages, paramètre encore difficile à anticiper. Mais c’est le rôle d’une collectivité que d’expérimenter. On ne peut pas parler de la transition énergétique à longueur de forums, et ne rien faire. Nous permettons aussi à des constructeurs français de se positionner (lire Safra, ci-dessous), et attirons des acteurs de l’hydrogène. Et nous envoyons un message à nos concitoyens, à savoir que nous allons tous devoir nous lancer dans le mix énergétique.
Quels conseils donneriez-vous à des élus d’autres villes qui se questionnent encore sur l’hydrogène ?
Se tourner vers les collectivités qui ont déjà travaillé sur le sujet ! À titre personnel, je me suis rendue à Pau, pour analyser le réseau Fébus. J’ai pu appréhender le retour d’expérience, globalement positif, et les écueils rencontrés. Par exemple, les difficultés à trouver du personnel pour la maintenance, ou encore les enjeux d’assurance : les compagnies, n’ayant pas de point de comparaison, peinent à évaluer les risques ! En tête à tête, les élus n’hésitent pas à se confier entre eux. Autres conseils : ne pas tout basculer vers l’hydrogène, mais l’intégrer plutôt dans un mix, en lui trouvant sa juste place. Pour ce faire, il faut avoir recours à des bureaux d’études spécialisés, à même de prospecter les usages et de rédiger les cahiers des charges. L’appel à l’expertise est indispensable, car personne ne peut dire à ce jour quelle sera la meilleure énergie. C’est peut-être la fin des grands monopoles énergétiques : une voie plus compliquée, mais d’avenir.