Alstom, pionnier dans le train à hydrogène, accélère son déploiement en Europe
Suite au succès de son train à hydrogène en Allemagne, Alstom se lance en France. Objectif : remplacer les trains à diesel sur les petites lignes non électrifiées, et donc polluantes.
L’hydrogène serait-il l’avenir du transport ferroviaire ? La vertu en matière de mobilité durable et décarbonée est en tout cas garantie. Le seul résidu rejeté du train à hydrogène est l’eau. Aucune émission de gaz à effet de serre. En la matière, le constructeur ferroviaire Alstom fait figure de pionnier. Deux premiers trains Coradia iLint 100 % hydrogène ont été mis en service commercial dès 2018 en Allemagne, grâce au au plan hydrogène lancé il y a déjà plusieurs années en alignement de différentes autorités : les régions (« Länders »), l’Etat fédéral et un certain nombre de partenaires industriels, dont Alstom, qui ont permis de faire émerger un projet et des financements. Dans le sillage de ce succès, les Landers de Basse-Saxe et de Hesse ont commandé 41 rames à Alstom. Celles-ci devraient être livrées cette année pour une mise en service début 2023. Des expérimentations réussies ont également eu lieu en Autriche, aux Pays-Bas et en Suède. Le marché n’est pas mince : « Les petites lignes non électrifiées représentent 40 à 50 % du réseau ferroviaire en Europe », rappelle Yannick Legay, directeur technico-commercial d’Alstom.
Remplacer les trains diesel pour décarboner le parc
Jusqu’alors à la traîne, du fait d’un réseau largement électrifié, la France a récemment emboîté le pas, notamment afin de remplacer les trains régionaux diesel sur des petites lignes non électrifiées. SNCF Voyageurs a ainsi signé en avril 2021 la commande de quatorze premiers trains bi-mode électrique-hydrogène (traction électrique/caténaire et hydrogène/piles à combustible), développés par le constructeur ferroviaire Alstom, pour le compte de quatre régions pionnières : Occitanie, Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. Le montant total de l’investissement s’élève à près de 190 millions d’euros. Des premiers essais sur voie sont annoncés pour fin 2023, avec « a priori une mise en service commerciale en 2025 », précise Jean-Baptiste Eyméoud, président d’Alstom France. Ces trains polyvalents sont dotés d’une autonomie pouvant aller jusqu’à 600 kilomètres. L’idée est de « répondre à la mixité énergétique du réseau ferré national ». En d’autres termes, continuer à utiliser l’électricité quand la ligne est électrifiée, et utiliser l’hydrogène à la place du diesel quand la ligne n’est pas électrifiée. La France fait partie, à ce jour, avec le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne, des quatre pays fondateurs qui ont signé des accords et passé des commandes de trains à hydrogène. Elle occupe en outre un rôle dans le développement des solutions de mobilité hydrogène. La chaîne de traction des trains à hydrogène d’Alstom est ainsi conçue et fabriquée dans le centre d’excellence mondial traction verte Alstom basé à Tarbes. Et la société a acquis récemment Helion Hydrogen Power (Aix-en-Provence), qui couvre l’ensemble de la chaîne de valeur des piles à combustible à forte puissance.
Des contrats fermes portant sur 59 trains
Alstom a remporté des contrats fermes en Allemagne, en France et en Italie, pour un total de 59 trains à hydrogène. D’après Alstom, les trains à hydrogène offrent une alternative « propre, fiable et rentable » pour 46 % des voies principales de l’Union européenne qui ne sont pas électrifiées.