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« Notre restaurant est la preuve que l’on peut vivre ensemble, avec nos différences »

#Société 07/06/2022
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    • Interview
Vivre ensemble : le défi d’une France fragmentée
Flore Lelièvre, fondatrice des restaurants Le Reflet, qui emploient des jeunes cuisiniers et serveurs atteints de trisomie 21

 

Quels types de rapports se nouent entre les clients et les personnels du restaurant ?

Je dirais qu’il y a un supplément d’attention de part et d’autre. Les serveurs sont très précautionneux et vigilants, ce qui n’est pas le cas dans tous les restaurants, ils ont un sens de l’accueil très développé, sont particulièrement forts en termes de contact humain… Donc, assez rapidement, les clients sont hyper à l’aise. Au Reflet, nous n’avons pas une équipe tout à fait comme les autres, mais après cette petite appréhension tout à fait normale, les barrières tombent et le contact s’établit très bien entre les clients et le personnel. En fait, ce n’est pas une œuvre de charité, c’est d’abord un restaurant où l’on vient pour bien manger et où l’on est vigilant à la qualité de ce que l’on sert, la qualité du service. C’est cela qui fait toute la différence, ce qui fait changer le regard, évoluer les mentalités et, au fond, permet de vivre ensemble. Mais pour cela, il faut un peu de bienveillance et apprendre à se connaître. 

Apprendre à se connaître pour faire tomber l’appréhension ? 

Exactement. Reconnaissez que la rencontre entre ces deux univers, celui du handicap au sens général et, en ce qui nous concerne, celui des personnes atteintes de trisomie 21 et les autres est très rare. Et c’est vraiment pour cela que je voulais créer ce restaurant, pour provoquer cette rencontre. Pour faire vivre ensemble, le temps d’un déjeuner ou un dîner, des gens qui ne se seraient jamais croisés. Il y a beaucoup de méconnaissance, et quand on ne connaît pas, on appréhende. On ne sait pas comment se comporter, comment s’adresser à la personne… mais finalement, au bout de deux ou trois phrases, on se rend compte que tout va bien, qu’il faut juste être soi-même et c’est ce qui est assez formidable. Les rapports humains au Reflet sont assez « vrais » car nos équipiers n’ont pas de filtre, pas de calcul, il y a une spontanéité dans les échanges, c’est ce qui plaît aux clients. 

Vous en tirez des leçons ?

Peut-être que ce « vivre ensemble » paraît très compliqué au départ, mais quand on s’adapte un minimum, quand on adapte l’environnement de travail, le management… il se fait naturellement et il est hyper riche, pour tout le monde. Que ce soit pour les personnes en situation de handicap ou pour les managers qui évoluent à leurs côtés, ou pour tous ceux qui sont venus déguster ce que l’on propose. Chacun peut apprendre de l’autre, c’est une relation très riche.

Cela change la vie des personnes atteintes de trisomie ?

La leur, et celle de leurs proches qui sont rassurés et très fiers de les voir s’épanouir et être reconnus. Et puis, il y a ce vrai job salarié, en CDI ! On voit des jeunes qui ont désormais leur place dans la société, avec un emploi, qui est le premier pas vers l’autonomie. On constate par exemple que la plupart vont vers un projet de logement autonome, c’est formidable. C’est la preuve que l’on peut tous vivre ensemble, avec nos différences. 

 

Le Reflet, 11 rue de Braque 75003 Paris & 4 Rue des Trois Croissants 44000 Nantes

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