Suisse • La Suisse, 26 cantons, un seul état d’esprit
Si la Suisse n’a pas de devise officielle, elle a pourtant adopté l’adage emprunté à Alexandre Dumas : « Un pour tous, tous pour un », au point de le graver dans sa version latine « Unus pro omnibus, omnes pro uno » sous la coupole du palais fédéral édifié en 1902 à Berne. Et si les Suisses tiennent mordicus à leur neutralité, la vie « en société » ne leur est pas du tout indifférente, au point d’apparaître souvent comme un modèle de démocratie directe et de « vivre ensemble ». A ce titre, tout citoyen peut proposer un référendum, pour peu qu’il ait obtenu 100 000 signatures pendant les dix-huit mois qui précèdent la consultation. ALors, chacun des 5,5 millions de citoyens qui composent le corps électoral sera invité à se prononcer. Depuis 1891, 220 initiatives populaires ont été soumises au vote, afin d’obtenir – ou non – un consensus et donc, in fine, faire socle commun entre tous. On a souvent dit que les Suisses allaient voter toutes les semaines, c’est faux. En revanche, ils se prononcent quatre ou cinq fois par an sur ces initiatives, à l’issue de débats qui permettent à chacun de faire valoir son avis pour mieux s’accorder sur un choix de société à venir et un futur « vivre ensemble ». Ces discussions sont essentielles à la démocratie de l’Etat helvétique, elles sont circonscrites dans un temps déterminé, puis, quand le vote a eu lieu, chacun en accepte le résultat et il ne viendrait à l’idée d’aucun citoyen de manifester contre l’issue des urnes. C’est ainsi que les Suisses ont voté, dès 1893, pour « l’interdiction d’abattre le bétail de boucherie sans l’avoir préalablement étourdi », pour la « prohibition des maisons de jeux » en 1921, ou contre les « constructions envahissantes de résidences secondaires » en 2012. Une manière de s’accorder sur les mêmes thèmes.