Liberté, égalité… vivre ensemble
Si la liberté et l’égalité sont posées comme principes dès l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, la fraternité, longtemps considérée comme simple valeur morale, n’est reconnue par les textes de loi qu’en 1958, à l’article 2 de la Con stitution : « La devise de la République est Liberté, Egalité, Fraternité ». Les mots ont leur importance et la fraternité, telle que décrite par Jacques Attali, est « un ordre social dans lequel chacun aimerait l’autre comme son propre frère (…) c’est un but de civilisation ». La fraternité est ici entendue dans sa dimension altruiste, son aptitude à accepter son voisin, vivre avec l’autre en société. La Constitution précise d’ailleurs que la République est « indivisible, laïque, démocrate et sociale. Assurant l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». On voit ainsi une interprétation philosophique et morale, mais d’abord juridique : l’incompatibilité de la loi avec tout ce qui pourrait générer de la différence sur des bases ethniques ou religieuses par exemple, tout communautarisme né sur ces critères, et tout ce qui pourrait nuire au « vivre ensemble ». Ce qui n’est pas sans poser question. Ainsi, l’impossibilité pour la France, en 1999, de ratifier la charte européenne des langues régionales qui aurait accordé des droits particuliers à certains Français et pas d’autres. La loi commune, le vivre ensemble républicain et indérogeable auraient alors été bafoués.