L'Abécédaire des Institutions
Menu
  • Actualités
    • Interviews
  • Qui sommes-nous ?
  • Nos éditions
    • Cahiers mensuels
    • Éditions spéciales
  • Nos partenaires

« Il est temps de recoudre le tissu national »

#Société 24/05/2022
  • Enjeux et tendances
    • Interview
Vivre ensemble : le défi d’une France fragmentée
David Lisnard, maire de Cannes, président de l’Association des maires de France (AMF)

 

Est-ce une vision pessimiste de dire qu’il devient de plus en plus difficile de « vivre ensemble » ?

« Vivre ensemble » est une chose, mais cela ne suffit pas, il faut partager des valeurs, des conceptions et un mode de vie communs. C’est pourquoi je préfère parler de « vivre ensemble en Répu­blique française ». Un exemple, même s’il ne faut évidemment pas généraliser : je pense qu’il existe des quartiers où la cohabitation est difficile entre des Français, ou des étrangers installés depuis longtemps, parfaitement intégrés et assimilés, et des primo-arrivants qui se constituent en communautés, tout cela sur fond de pauvreté, parfois de délinquance et de trafics. L’immi­gration massive ne favorise d’ailleurs pas ce « vivre ensemble ». Quand les arrivants sont nombreux, ils se regroupent par nationalités ou affinités culturelles. C’est humain. Mais c’est là qu’un phénomène de ghettoïsation peut survenir. On passe alors d’une sorte de coexistence pacifique à une volonté séparatiste affirmée. Cette réalité existe. L’ignorer, c’est ne rien régler des problèmes que vivent beaucoup d’entre nous, et alimenter la radicalisation d’une partie de l’opinion de plus en plus importante qui ne comprend pas que les responsables politiques ferment les yeux sur ces questions. Il existe aussi une autre facette de cette atteinte au « vivre ensemble » qui provient de fractures territoriales et sociales. On l’a tout particulièrement bien vu au moment de la crise des « gilets jaunes ». Les travaux et les essais de Christophe Guilluy au sujet de la France périphérique et ceux de Jérôme Fourquet sur l’archipélisation du pays l’ont révélé. Il est temps de recoudre le tissu national. 

Est-ce qu’il existe encore une « loi commune », qui ne fait pas débat en termes de valeurs partagées? 

La loi commune, ce sont d’abord les lois de la République. Il ne peut y avoir de socle commun que si chacun est convaincu qu’aucune loi divine n’est supérieure à ces lois. Les individus ne peuvent pas non plus s’arranger avec des valeurs qui ne souffrent aucune discussion, comme l’égalité entre les hommes et les femmes, le respect des minorités et des orientations sexuelles, la laïcité… 

Si nous en sommes arrivés à devoir nous interroger sur ce « socle intangible », c’est parce que nous avons abandonné le modèle assimilationniste qui a permis de forger une identité culturelle commune aux Français, de toutes origines. Nous devons réaffirmer une spiritualité française, liée à un héritage de plusieurs siècles de civilisation ayant conduit aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, et à un mode de vie non seulement respectueux de ces valeurs, mais fait de coutumes et usages communs. Nous devons pour cela assumer cet héritage.

Pourquoi aviez-vous pris un arrêté « anti-burkini » en 2016 ? Pour promouvoir le « vivre ensemble républicain » ? 

Il s’agissait avant tout d’apporter une réponse concrète et immédiate à un risque de troubles à l’ordre public car nous étions quel­ques semaines à peine après l’at­tentat islamiste qui a tué 86 person­nes et blessé 458 autres sur la Pro­me­nade des Anglais à Nice. Je rappelle aussi que le mot « burkini » n’est jamais employé dans cet arrêté qui portait sur les vêtements de bain intégraux et ostentatoires.

Vivre ensemble
en France, c’est d’abord
vivre à la française.

Ces tenues représentent un marqueur idéologique indéniable de la radicalisation islamiste. J’ai souhaité interdire ces tenues de même que je me suis opposé aux revendications de certaines organisations qui voulaient obtenir des horaires séparés pour les hommes et les femmes dans les piscines municipales ou le report des kermesses scolaires quand elles coïncidaient avec le Ramadan. Si les grands discours peuvent être importants pour fixer un cadre et envoyer un signal, ce sont les actions que l’on mène au quotidien qui sont cruciales. Il ne faut surtout pas donner le sentiment à certains que des « accommodements raisonnables » seraient possibles avec l’islamisme. Bien au contraire, il faut combattre ce que j’appelle un « islamisme à bas bruit » et ne rien céder à ceux qui voudraient enfermer une partie de cette jeunesse dans un déterminisme religieux qui l’empêcherait d’épouser notre art de vivre. Le « vivre ensemble » en France, c’est d’abord vivre à la française. 

Quels sont les leviers pour « refonder le vivre ensemble » ? 

L’instruction publique est majeure, c’est en offrant à nos enfants une instruction qualitative dans des établissements où l’autorité des enseignants sera rétablie que nous donnerons à chacun la possibilité de disposer de son avenir. Savoir lire, écrire et parler correctement le français, apprendre notre géographie et notre histoire… C’est pourquoi, à Cannes, nous proposons par exemple des cours de latin et de grec sur le temps périscolaire. Tout cela participe de cette volonté de donner à chaque enfant, d’où qu’il vienne, la possibilité de s’inscrire dans notre communauté de destin et d’être, demain, le continuateur de notre civilisation. Et nous valorisons la culture, qui est un rempart contre les dérives de l’individualisme, du communautarisme, du relativisme et du nihilisme qui en résulte. 

Comment un élu peut-il « contraindre » à faire vivre ensemble des citoyens qui s’ignorent, voire qui rejettent l’autre ?

Il ne s’agit pas de forcer les uns et les autres à vivre ensemble. Il est du ressort de l’État de s’occuper de ceux qui refusent catégoriquement de respecter nos valeurs républicaines. Pour le reste, nous devrions pouvoir agir d’abord sur le logement en mettant fin aux ghettos qui favorisent le communautarisme et la délinquance. Le Danemark a mis en œuvre une politique qui vise à empêcher « l’émergence de sociétés religieuses et culturelles parallèles » en réduisant la part d’immigrés non européens dans certains quartiers. Inspirons-nous d’un tel exem­ple en permettant aux maires d’avoir la main sur la politique de peuplement de leur commune. Par ailleurs, les subventions aux associations doivent être adossées à une charte qui permet de veiller au respect de la laïcité et des règles de vie communes au risque qu’elles soient supprimées et les associations dissoutes. Bien vivre ensemble, c’est aussi porter une attention particulière à l’espace public, à la lutte contre l’incivisme, aux activités culturelles, de loisirs ou sportives qui créent du lien, qui permettent de se sentir appartenir à une même commune, à une même communauté, à la République, à la France.

LIRE AUSSI :

  • Ce que les polémiques autour des dons pour Notre-Dame disent de la société françaiseCe que les polémiques autour des dons pour Notre-Dame disent de la société française
  • Les décodeurs de l’économie circulaire : « L’économie circulaire va détruire des emplois »Les décodeurs de l’économie circulaire : « L’économie circulaire va détruire des emplois »
  • PMA pour toutes : « Une médecine répondant aux demandes sociétales apparaît. »PMA pour toutes : « Une médecine répondant aux demandes sociétales apparaît. »
  • QUESTIONS À… Pascal Sokoloff, directeur de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR)QUESTIONS À… Pascal Sokoloff, directeur de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR)
  • Appel à projets Transports en site propre et PEMAppel à projets Transports en site propre et PEM
  • Questions à… Serge Guérin*, sociologue, spécialiste du vieillissement et de la « séniorisation » de la sociétéQuestions à… Serge Guérin*, sociologue, spécialiste du vieillissement et de la « séniorisation » de la société
  • Chiffres et données clésChiffres et données clés

Article suivant >>
<< Article précédent
Dernier_CahierCliquez ici pour feuilleter
le cahier intéractif
Liseuse Flippad

Disponible sur tous les supports

Téléchargez l'application iOS Téléchargez l'application Android Feuilletez nous publications en ligne

Nos partenaires

Organigramme du gouvernement

Organigramme du gouvernement Cliquez ici pour télécharger
l'Organigramme du gouvernement

Les derniers numéros

Dernier cahier de lCliquez ici pour feuilleter
le cahier intéractifLiseuse Flippad
Dernier cahier de lCliquez ici pour feuilleter
le cahier intéractifLiseuse Flippad
Dernier cahier de lCliquez ici pour feuilleter
le cahier intéractifLiseuse Flippad
Voir tous les cahiers >>
logo-labecedaire

L’Abécédaire des Institutions
30, Rue du Chemin Vert
75011 Paris
labecedaire@labecedaire.fr

L’Abécédaire des Institutions
a rejoint depuis mai 2018 logo-publics-consultants

Plan du site

  • Accueil
  • Actualités
  • Interviews
  • Qui sommes nous ?
  • Cahiers mensuels
  • Éditions spéciales
  • Nos partenaires
  • Mentions légales
  • Données personnelles et Charte cookies

Catégories

  • Actualité et repères
    • En direct des assemblées
  • Questions et enjeux
  • Tendances et solutions
    • Interview
  • Territoires et hommes en action
  • Ça se passe en Europe et ailleurs

©2022 L’Abécédaire des Institutions - Tous droits réservésDéveloppement application magazine et site - Flippad Digital Solutions

Scroll to Top