A la Légion, 156 nationalités « vivent ensemble » !
L’organisation de la Légion étrangère est un modèle militaire non transposable dans la vie civile, mais elle démontre la capacité à faire vivre ensemble des hommes aux parcours variés. A la condition de partager des mêmes valeurs.
La Légion étrangère fait souvent figure de modèle dans l’univers militaire, en ce sens qu’elle est l’incarnation même de ce qui fait corps et valeurs communes entre des hommes pourtant si différents au moment de leur recrutement. Car l’on estime aujourd’hui que 9 000 hommes composent cette unité d’élite, issus de 156 nationalités hétérogènes, avec autant de parcours, d’histoires, de vécus, de religions, de convictions… qu’il y a d’engagés. Et pourtant, ces hommes vont apprendre, au cours de leur instruction militaire, à « vivre ensemble » autour de valeurs partagées.
Dans le livret distribué aux jeunes recrues en 1937, on pouvait lire ces mots : « Tous les légionnaires sont égaux, la Légion est ta seconde patrie, elle ne distingue ni nationalités, ni races, ni religions (…) aucune question d’ordre politique ou confessionnel ne doit intervenir dans tes relations avec tes camarades, tu dois respecter scrupuleusement les croyances et les traditions de chacun ». Un vrai plaidoyer pour le « vivre ensemble ».
Pour ces hommes, héroïques sur les champs de bataille de Camerone, Bir Hakeim ou Diên Biên Phu, il était important de se doter d’un véritable code d’honneur, édité à l’aube des années 80, qui comporte sept points très précis. Ce livret, confié à tous les soldats avec leur képi blanc, proclame ainsi, dès le premier article : « Légionnaire, tu es un volontaire servant la France avec honneur et fidélité ». C’est ainsi que le soldat abandonne tout individualisme pour lui préférer un collectif qui fera de lui un homme servant d’abord sa nouvelle nation. Autre élément fondamental dans la vie collective de ce corps d’armée, la fraternité. C’est l’article deux, qui précise que chaque légionnaire est « frère d’arme, quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa religion ». Mieux, chacun doit « toujours manifester une solidarité étroite comme celle qui unit les membres d’une même famille ». C’est une manière, disent les meilleurs connaisseurs de la Légion étrangère, d’affirmer haut et fort que « l’autre » est peut-être celui qui va vous sauver sur le champ de bataille, et que l’on peut mettre sa vie entre les mains de celui que l’on ne connaît pas, dans le cadre d’une mission commune, d’un partage de valeurs.
Cette fraternité et cette solidarité entre des gens qui n’auraient jamais dû « vivre ensemble » se retrouvent à toutes les étapes de la vie d’un soldat, de son engagement jusqu’à ses vieux jours. On n’abandonne jamais celui qui a porté le même képi blanc que soi, c’est une question d’honneur, que ce soit sur le champ de bataille ou quand le soldat est âgé et qu’il vit dans l’un de ces établissements que la Légion a ouvert pour le compte de ses anciens. Enfin, une chose est essentielle aux yeux de tous ceux qui ont travaillé sur les valeurs de la Légion étrangère : l’apprentissage d’une langue commune, le français. Car si la plupart ne parlaient pas un mot de la langue de Molière le jour de leur engagement, sa pratique obligatoire a toujours été un pilier de l’intégration et du vivre ensemble pour éviter que ne se développent toutes formes de communautarismes.