Israël • En Israël, la greentech fait presque fleurir le désert
Les start-up vertes, qui bénéficient du dynamisme de la première start-up nation, font feu de tout bois pour gérer au mieux des ressources en quantité limitée. Elles sont particulièrement dynamiques dans l’eau et l’agriculture.
À l’origine, la start-up nation n’est pas la France, mais Israël. Ce terme apparaît pour la première fois sous la plume de Dan Senor et Saul Singer, auteurs de The Start-up Nation: the Story of Israel’s Economic Miracle. Dans ce livre de 2009, ils soulignent que leur pays est celui qui a créé le plus de start-up par nombre d’habitants au monde.
Cet écosystème particulièrement vivace bénéficie de la synergie entre secteurs public et privé, des relations étroites entre centres de recherche universitaires et entreprises, et de l’accès aux investissements américains.
C’est dans l’eau
que la greentech israélienne
prend sa source.
L’attention portée à une consommation intelligente des ressources naturelles, en quantité limitée sur le territoire, existe de longue date. Aujourd’hui, quelque 500 entreprises développent des technologies liées à l’eau, à l’agriculture intelligente, aux énergies propres… Entre 2018 et 2020, elles ont bénéficié de trois milliards de dollars d’investissement, dont les deux tiers d’origine étrangère. En Israël même, les financements et les fonds dédiés ne manquent pas avec More VC, nouveau nom d’Israël Cleantech Ventures fondé en 2006, l’un des principaux fonds du monde spécialisé dans le domaine, mais aussi Capital Nature, Terra Ventures Partners ou encore GreenSoil Investments, l’investisseur attitré de l’AgriTech.
De l’eau produite à partir de l’air
C’est d’abord dans l’eau que la greentech israélienne prend sa source. Bien avant que ce terme n’existe, Netafim invente dès les années 1960 l’irrigation goutte à goutte, dont il détient aujourd’hui 30% du marché mondial. Dans le même secteur, les générateurs Watergen produisent de l’eau à partir de l’air pour alimenter villages isolés, zones de conflits ou camps de réfugiés ; les bioréacteurs électrogènes d’Emefcy traitent les eaux usées industrielles et Litmus détecte les fuites dans le réseau jusqu’à trois mètres sous terre grâce à des images satellites. Israël est également un des leaders mondiaux de la désalinisation d’eau de mer qui lui fournit les trois quarts de l’eau qu’elle consomme. Les start-up israéliennes de l’énergie ne sont pas en reste avec Ecowave Power, leader de l’énergie houlomotrice, Raycatch et ses diagnostics d’intelligence artificielle pour l’énergie solaire, GenCell et sa solution d’alimentation hors réseau conçue pour fournir des sources d’alimentation fiables aux stations de télécommunications ou encore StoreDot et sa technologie de chargement ultra-rapide de batteries pour véhicules électriques. L’autre segment phare de la greentech israélienne se développe autour de l’agriculture et l’alimentation. Beehero mesure la qualité de la pollinisation grâce à l’apprentissage automatique et stimule la production pendant les pics de pollinisation ; Biomilka produit du lait à partir de cellules prélevées sur le pis des vaches et Aleph Farms de la viande artificielle à partir de cellules prélevées sur des bœufs. Le rêve de David Ben Gourion, fondateur de l’Etat d’Israël, de « faire fleurir le désert » dans le Néguev n’était peut-être pas si fou qu’il en avait l’air.