QUESTIONS À…. Frédéric Bordage, fondateur du collectif d’experts indépendants GreenIT.fr
Quelles normes encadrent les démarches en faveur du numérique responsable ?
Pour réduire l’impact environnemental d’un produit, il faut d’abord le quantifier. Pour cela, la Commission européenne recommande d’utiliser la méthodologie Product environmental footprint (PEF), entrée en vigueur en 2018. Par ailleurs, en 2021, le consortium NegaOctet a élaboré avec l’Ademe des règles de catégories de produits (Product category rules, PCR) pour les services numériques : elles standardisent l’évaluation de leur impact en proposant une « recette commune ».
Comment améliorer le bilan carbone du numérique ?
80% de l’empreinte environnementale sont liés à la fabrication des équipements. Il existe plusieurs leviers pour agir sur cette empreinte : réduire le taux d’équipement, c’est-à-dire ne pas se suréquiper ; allonger leur durée de vie, notamment au travers du réemploi. Les entreprises et les administrations engagées peuvent faire appel à un reconditionneur, qui va remettre en état un parc informatique et le revendre. La qualité du papier d’impression et de l’électricité, l’écoconception des services numériques sont d’autres pistes à explorer.
Pouvez-vous citer quelques initiatives favorables au numérique responsable ?
Il y en a beaucoup. Resilio, que j’ai cofondé avec des étudiants de l’école polytechnique de Lausanne, est un outil qui permet aux entreprises et collectivités de quantifier leur impact numérique de façon scientifique. Le consortium Negaoctet contribue à créer une sorte de Nutri-Score des produits et services numériques, pour inciter les consommateurs et les entreprises à la sobriété numérique. L’Agence du numérique en santé, qui dépend du ministère de la Santé, a créé un calculateur d’empreinte environnementale pour aider les établissements hospitaliers à mieux prendre en compte l’impact de leurs équipements (scanner, IRM, etc.).