Auvergne-Rhône-Alpes • À Lyon, Axel’One débusque les pépites de la chimie verte
Pour plus d’efficacité, la plateforme Axel’One mutualise les services qu’elle offre aux greentech de la chimie-environnement. Elle s’apprête à augmenter sa capacité d’accueil.
Mecaware est une jeune pousse issue de l’Institut de chimie et de biochimie moléculaires et supramoléculaires de Lyon. Elle a développé un procédé innovant de recyclage de produits technologiques et de batteries, pour récupérer les métaux critiques qu’ils contiennent (lithium, cobalt, nickel, manganèse et lanthane) tout en valorisant le CO2 des fumées d’usines. En novembre, elle a réalisé son premier tour de table en levant 2,5 millions d’euros, pour lancer son pilote préindustriel, avec une première usine à l’horizon 2024.
Axel’One a développé
une panoplie d’outils
d’accompagnement.
Mecaware, pour Metal Capture for Waste Recycling, n’aurait peut-être pas rencontré le même succès sans le soutien d’Axel’One, au sein de laquelle elle a installé son démonstrateur. Axel’One, c’est une plateforme d’innovation collaborative chimie-environnement unique en Europe. Cette émanation du pôle de compétitivité Axelera s’est installée sur trois sites autour de Lyon : les deux premiers, ouverts en 2013 et 2014 dans la vallée de la chimie, sont consacrés au passage à l’échelle industrielle ; le troisième, ouvert en 2018 sur le campus de Lyon Tech La Doua, est dédié à la recherche fondamentale sur les matériaux et procédés innovants.
En dix ans, Axel’One a mis en place une offre complète de services d’accompagnement pour que les entités qu’elle héberge puissent se consacrer à 100% à leurs recherches. Par exemple Axel’One Analysis, en 2016, pour mutualiser les outils de R&D, optimiser les procédés et réduire la consommation d’énergie et la production de déchets. Ou encore Sysprod, en 2017, pour mutualiser les outils de passage à l’échelle industrielle pour la catalyse, les matériaux et les polymères. Sysprod a bénéficié du soutien financier de l’Europe, de l’État et d’IFP Énergies nouvelles, entre autres. Grâce à cette infrastructure sophistiquée, Axel’One a pu accompagner plus de 50 start-up, PME et laboratoires dans l’industrialisation de leurs projets de R&D.
Un modèle unique, difficile à dupliquer
Cette expérience d’accompagnement a permis à Axel’One d’être, depuis juillet 2021, l’un des lauréats des Ateliers Cleantech. Cet appel à manifestation d’intérêt était lancé par Lyon Vallée de la chimie pour attirer des entreprises de la chimie verte sur une surface de 50 ha de friches industrielles du sud de Lyon. Axel’One avait répondu à l’offre XL Dev de cet AMI, qui cherchait un gestionnaire des futurs ateliers. Dès 2023, la plateforme exploitera donc une halle de 5 000 mètres carrés qui accueillera des entreprises encore en phase de R&D : elles disposeront d’espace pour développer des démonstrateurs à l’échelle préindustrielle. Six entreprises ont déjà été pré-sélectionnées pour investir cette halle, dont Mecaware et une start-up espagnole. Le succès d’Axel’One lui a valu la visite de la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, en octobre 2021, dans le cadre d’une réunion du Comité stratégique de la filière chimie et matériaux. Mais ce modèle est-il duplicable ailleurs en France ? Difficile car il repose sur des conditions propres au tissu économique de Lyon : un écosystème chimie-environnement dense, ainsi qu’une taille critique d’industriels et de centres de recherche.