Questions à… Raphaël Didier, directeur de la transformation et de la stratégie innovation chez Bpifrance
Comment s’est développé le financement des start-up françaises ces dernières années ?
Les start-up deviennent un vecteur de développement de l’innovation. Les barrières d’accès au financement sont tombées avec l’action de Bpifrance et le développement d’une industrie française du capital risque à même de faire croître ces sociétés agiles, qui cherchent le chemin le plus efficace vers la mise sur le marché de leurs innovations. Par ailleurs, signe de leur succès et de l’attractivité de notre écosystème, les fonds étrangers s’y intéressent de plus en plus. Les levées de fonds se multiplient : elles sont passées de moins d’un milliard en 2013 à 11,6 milliards d’euros en 2021, en cohérence avec la dynamique observée chez nos voisins européens.
Quelles sont les spécificités du segment des greentech ?
Après la vague de la digitalisation et des plateformes, on revient aux fondamentaux et à des projets issus de la recherche, plus capitalistiques, plus longs et difficiles à financer, comme par exemple les biotech. Les greentech suivent la même évolution et elles sont très dynamiques, comme en témoigne la très forte croissance des levées de fonds en 2021, à environ 2 milliards d’euros. Les greentech ont d’ailleurs un besoin en capital significatif en raison d’une problématique d’industrialisation qui se pose de manière renforcée par rapport aux autres secteurs. Elles subissent aussi une forte pression de la réglementation, parfois contradictoire.
Qu’est-ce qui pourrait accélérer l’émergence de licornes françaises vertes ?
Elles pourraient être mieux accompagnées à l’international, comme dans les pays nordiques, qui savent mieux faire vivre et mettre en valeur l’écosystème greentech. Elles pourraient aussi être mieux financées dans leurs phases d’industrialisation. C’est l’objet du plan Start-up et PME industrielles annoncé le 19 janvier 2022. La France a bien l’ambition d’être l’un des acteurs de la transition écologique, comme le montre l’ampleur de notre plan climat commun avec la Banque des territoires, de 40 milliards d’euros. Dans ce cadre, nous sollicitons nos réseaux pour identifier plus de projets au plus tôt dans les laboratoires. Aujourd’hui, ils se situent surtout dans les énergies de demain comme les batteries, les matériaux biosourcés, le recyclage, l’agro-alimentaire, la construction…