Data, potagers et bactéries : la ville de demain stimule les innovations
Demain, les villes devront consommer moins d’énergie et produire plus de fraîcheur. Tour d’horizon de quelques solutions greentech pour augmenter leur résilience.
En 2050, 80% de la population mondiale vivra en ville, soit six milliards de citadins qu’il faudra loger, nourrir, alimenter en eau et en énergie, transporter… Les villes consommeront alors 80% de l’énergie mondiale disponible, qui sera engloutie dans le logement et les transports, et elles seront responsables de 90% des émissions globales de gaz à effet de serre, selon les chiffres des Nations unies. La réduction de leur empreinte carbone et de leur consommation énergétique représente donc un potentiel colossal d’innovations pour les greentech.
Des parasols végétaux géants
pour rafraîchir les villes.
Agir sur ces deux postes implique d’abord de bien les connaître. Selon l’adage « On ne gère bien que ce l’on mesure », plusieurs greentech développent des solutions de monitoring des bâtiments. Deepki, par exemple, collecte et analyse des données pour aider ses clients à rendre leur patrimoine plus sobre et plus efficace. Elle prépare une levée de fonds de 50 millions d’euros en 2022. Quant à Vizcab, spécialisée dans la construction bas carbone, elle développe des solutions basées sur les analyses de cycles de vie pour évaluer en amont l’empreinte carbone des bâtiments. Elle a déjà levé 2,8 millions d’euros au cours des deux dernières années. L’autonomie énergétique des bâtiments, responsables aujourd’hui de 40% de la consommation d’énergie en France, a inspiré Sylfen. Cette start-up grenobloise a déposé pas moins de 22 brevets et investi 40 millions d’euros pour mettre au point le Smart Energy Hub, un système de stockage d’hydrogène destiné aux bâtiments équipés de panneaux solaires : l’énergie produite en surplus dans la journée est stockée dans des réservoirs d’hydrogène pour être consommée pendant la nuit.
Des villes éclairées par des bactéries luminescentes
Dans les villes, le réchauffement climatique se manifeste notamment par les effets d’îlot de chaleur, qui peuvent être atténués en végétalisant massivement le tissu urbain. Parmi les nombreuses solutions qui existent déjà, celle d’Urban Canopee consiste à installer sur les places des villes des parasols végétaux géants à base de structures tubulaires en matériaux composites, qui servent de supports à des plantes grimpantes. Urban Canopee en a déjà déployé 150 en France, notamment sur le parvis de la Bibliothèque nationale de France et à Toulouse. De son côté, Agrove fait le pari des potagers urbains pour créer de la fraîcheur en ville, en optimisant la consommation d’eau et en favorisant le développement de la biodiversité urbaine. Enfin, les villes peuvent agir sur un autre poste : l’éclairage public, qui consomme 15% de l’électricité mondiale et dégage 5% des gaz à effet de serre, selon les Nations unies. La greentech Glowee propose d’utiliser une source de lumière naturelle : des bactéries sous-marines bioluminescentes, qu’elle a sélectionnées pour leurs performances. Placées dans un aquarium, elles émettent une lumière douce et froide qui dure toute la nuit. Glowee, qui a levé 2 millions d’euros en 2020, teste actuellement cette solution à Rambouillet, et espère bien convaincre d’autres agglomérations françaises de l’expérimenter.