Quand start-up et grands groupes s’allient pour innover
Pour coller au mieux aux technologies de demain, les entreprises multiplient les collaborations avec des jeunes pousses à qui elles proposent en retour leurs moyens et la possibilité de tester leurs solutions au sein d’offres communes.
Le concept d’open innovation, en français innovation ouverte, voit le jour en 2003 lorsque Henry Chesbrough, chercheur en innovation à Berkeley, le popularise dans son ouvrage « Open Innovation: The New Imperative for Creating and Profiting from Technology ». Pour innover de manière ouverte, une entreprise doit s’adjoindre des idées et expertises venues de l’extérieur en initiant des collaborations avec d’autres entreprises ou partenaires. Dans ce contexte, les start-up constituent depuis une dizaine d’années un terrain de chasse privilégié pour les grands groupes.
Nouer des relations privilégiées
avec les champions de demain.
« Cela répond à la conviction qu’il se passe des choses sur des cycles de temps plus courts à l’extérieur de l’entreprise », confirme « Guillaume Bazouin, en charge du sujet chez Leonard, l’incubateur du groupe Vinci qui propose différents programmes pour les startups et entreprises en phase de prototypage, ou pour les entreprises innovantes en hyper-croissance, mais pas encore déployées à grande échelle. Outre les incubateurs et accélérateurs, la plus répandue et traditionnelle, l’open innovation, peut prendre plusieurs formes. » Ces structures d’accompagnement sont créées par des institutions publiques, des fonds d’investissement, mais aussi de nombreux grands groupes. Autre méthode éprouvée : les concours, eux aussi financés par des fonds publics ou des entreprises privées qui les utilisent comme outils de veille leur permettant d’externaliser les coûts en recherche et développement. Parfois baptisés hackathons, ils se déroulent souvent au sein de FabLabs. Plus impliquants pour l’entreprise, les projets collaboratifs au sein desquels elle s’associe avec des partenaires – publics ou privés – pour monter un programme de développement commun qu’elle ne peut mener à bien seule.
Vers plus de relations d’affaires autour d’offres communes
Certaines, enfin, acquièrent tout ou partie de start-up via leurs fonds corporate. Plusieurs de ces fonds français sont plus spécifiquement positionnés sur les greentech, notamment dans l’énergie (Total, Air Liquide, Engie) ou le BTP (Bouygues Construction, Saint-Gobain). Mais aussi la Maif, active de longue date dans ce secteur. Sous toutes ces formes, l’enjeu de l’open innovation reste le même : réussir à mener l’innovation et à faire du business ensemble, afin d’améliorer la « proposition de valeur », à savoir la promesse délivrée aux clients ou utilisateurs d’un produit ou service. L’open innovation permet aux entreprises de bénéficier de l’agilité et l’inventivité des start-up et de nouer des relations privilégiées avec les champions de demain. Et aux start-up de bénéficier des moyens des grands groupes : financements, infrastructures, mais aussi terrains d’expérimentation et test de leurs solutions en situation réelle. Comme c’est le cas des jeunes pousses sélectionnées par Eiffage via le club industriel bas carbone Sekoya, lancé en 2019. De plus en plus, de véritables relations d’affaires se nouent aujourd’hui autour d’offres développées en commun. Longtemps pointés du doigt pour la lenteur de leur prise de décision qui freinait le développement des start-up, les groupes ont mis en place des équipes dédiées et des circuits de décision courts qui favorisent cette évolution.