Les greentech, filles de l’urgence environnementale et de la révolution numérique
Après avoir subi un repli dans les années 2010, ces innovations qui exploitent les ressources technologiques et digitales pour mieux préserver les ressources naturelles et limiter le dérèglement climatique connaissent une véritable renaissance.
On doit l’invention du terme au cabinet américain Clean Edge qui l’emploie pour la première fois dans The Clean Tech Revolution en 2007. Issues de la rencontre entre révolution digitale et transition verte, les cleantech, aussi appelées greentech, désignent l’utilisation de la tech au service du développement durable et recouvrent ce qu’on appelle en français les « éco-activités innovantes » ou « éco-innovations ». Leur champ d’application est vaste et couvre à la fois une utilisation plus efficace des ressources naturelles, énergie, eau, matières premières ; la réduction du volume de déchets produits et de leur toxicité ; la transition verte dans l’industrie ; les smart cities ; l’écomobilité ; les bâtiments économes, voire autosuffisants en énergie ; les réseaux énergétiques intelligents ; les énergies renouvelables ; l’agriculture et l’alimentation, notamment via des solutions de réduction du gaspillage alimentaire, des modes de culture biologiques, des circuits courts ; le captage, stockage, et l’utilisation de CO2, etc., le tout assorti de la garantie d’une performance identique ou supérieure à celle des technologies traditionnelles, accompagnée d’une amélioration du profit des utilisateurs. Née dans la Silicon Valley, la vague a d’abord atteint l’Europe en Allemagne dans les domaines de l’éolien et du solaire. En France, le plan stratégique Ecotech 2012 en faveur du développement des éco-industries, annoncé fin 2008 par le Comité stratégique des éco-industries (COSEI), formalise l’existence d’une filière greentech.
Un rebond face à la menace climatique et grâce aux nouvelles technologies
Au milieu des années 2000, le secteur fait l’objet d’investissements massifs : 75 milliards de dollars en 2006 au niveau mondial et une croissance de 60%. Mais sous l’effet de la crise financière de 2008, la bulle des greentech éclate brusquement. Le repli du capital-risque, qui se poursuivra jusqu’en 2016, s’explique aussi par des retours sur investissements décevants liés aux risques inhérents à de nouvelles technologies souvent très gourmandes en capital et à des cycles de développement longs avant d’apporter la preuve industrielle de leur pertinence technique et économique.
Les jeunes diplômés
challengent leurs futurs
employeurs.
« L’effet parc », autrement dit la durée de vie d’infrastructures comme les centrales électriques thermiques, rend peu rentable leur substitution par des énergies renouvelables. Autre frein au développement des greentech de l’énergie : l’explosion du gaz de schiste bon marché aux Etats-Unis au début des années 2000.
Mais depuis quelques années, le secteur a de nouveau le vent en poupe. Plusieurs raisons expliquent ce rebond : l’intensification de la crise climatique et écologique, rappelée par des rapports toujours plus alarmistes de la communauté scientifique ; la mobilisation de la société civile, en particulier des jeunes, qui ne font pas que marcher pour le climat, mais challengent aussi leurs futurs employeurs sur ces sujets ; la multiplication d’engagements à la neutralité carbone de la part d’États ou de grandes villes du monde entier, qui instaurent aussi toujours plus de réglementations favorables à l’économie circulaire ou à la biodiversité ; la prise de conscience croissante au sein des entreprises, qui adoptent des stratégies climat de plus en plus ambitieuses ; l’entrée dans la danse du secteur financier, avec des investisseurs institutionnels qui reconnaissent à la fois les risques et les opportunités liés à la nécessaire décarbonation de l’économie et de leur portefeuille ; enfin, les nouvelles réponses au défi climatique et écologique que permet l’innovation technologique, notamment l’arrivée à maturité du numérique, l’explosion du big data et de l’intelligence artificielle et les avancées dans les technologies de rupture ou deeptech.
Cette seconde vague de technologies environnementales se développe sous une bannière en vogue dans la Silicon Valley, les climate tech, qui englobent les technologies apportant des réponses à l’urgence climatique : décarbonation, émissions négatives, adaptation, etc.