L’agritech et la foodtech veulent rendre l’agriculture durable et résiliente
Dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, les innovations technologiques bouillonnent. Pour accompagner cette révolution, le gouvernement a mis en place un programme de soutien financier. Objectif : faire de la France un leader mondial du secteur.
D’ici 2050, l’agriculture française sera confrontée à des défis colossaux : assurer sa résilience face au réchauffement climatique, produire une alimentation saine et de qualité capable de nourrir une population plus nombreuse, améliorer le bien-être animal, tout en étant attractive et rentable pour les agriculteurs. Depuis une décennie, les projets fourmillent pour orienter l’agriculture vers une voie plus soutenable. Ainsi, pour remplir l’objectif de division par deux de la consommation de pesticides en France d’ici 2025, des start-up travaillent sur des engrais et des fongicides naturels à base de végétaux (orties, bourrache, ail…).
215 start-up de l’agriculture
ont levé plus de 562 M€ en 2020.
D’autres explorent la génétique microbienne pour développer des biostimulants capables de doper les acides aminés des végétaux (MicroPep, start-up émanant du CNRS de Toulouse) ou à base de micro-organismes contre les maladies du blé, du colza et de la vigne (Biovitis). Ÿnsect et Innovafeed produisent des protéines animales à partir d’insectes, tandis qu’Algama conçoit des produits 100 % vegan à partir de microalgues et que Neofarm gère des micro-fermes agroécologiques de production de légumes. Au total, 215 start-up de l’alimentation et de l’agriculture ont levé plus de 562 millions d’euros en 2020, faisant de la France le premier pays de l’Union européenne par les levées de fonds dans ces deux secteurs.
Objectif : 100 nouvelles start-up par an d’ici 2030
Pour accélérer ce bouillonnement d’innovations dans le secteur agricole et améliorer la compétitivité de la FoodTech et de l’AgriTech françaises, le ministre de l’Agriculture et le secrétaire d’État chargé de la transition numérique ont dévoilé le 30 août 2021 un plan de soutien, la French AgriTech, doté d’une enveloppe de 200 millions d’euros. En parallèle, ils confiaient une mission d’identification des besoins des start-up de l’agriculture et de l’alimentation à la Ferme digitale, une communauté de start-up et d’entreprises agricoles qui développent des solutions technologiques. La mission a débouché en décembre sur un rapport qui a servi à l’élaboration de la feuille de route Agriculture et numérique. Construite autour de sept priorités, elle a été présentée lors du Salon de l’agriculture, début mars 2022. S’y ajoute un nouveau programme de recherche, AgriTech20, dédié à l’agroécologie et au numérique. Doté de 65 millions d’euros, au titre du programme d’Investissements d’avenir, il est piloté par l’Inrae et l’Inria, deux instituts nationaux de recherche spécialisés l’un dans la recherche agricole, l’autre dans les sciences et technologies du numérique. Chaque année, vingt start-up à fort potentiel seront sélectionnées, en privilégiant les technologies industrielles (robotique, équipements connectés, production d’énergie, nouvelles formes d’exploitations agricoles…) et le vivant (génétique, biotechnologies, carbon farming…). Comme indiqué dans son rapport, la Ferme digitale vise la création de 100 nouvelles start-up par an, l’émergence d’au moins 10 licornes French AgriTech, et un chiffre d’affaires d’1 milliard d’euros pour le secteur à l’horizon 2030.