« Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de choisir entre croissance et impact »
Quelle place occupent les greentech sur VivaTech depuis sa création il y a six ans ?
Répondre aux principaux défis environnementaux et sociétaux grâce à l’innovation et à la tech fait partie de notre mission. Nous accompagnons l’émergence de champions numériques européens innovants, issus de start-up ou de grands groupes. Nous les identifions grâce à des appels à candidatures auprès de centaines de réseaux du monde entier, suivis d’audits pour valider leur robustesse. Puis nous les mettons à disposition de nos grands partenaires pour qu’ils sélectionnent directement ceux les plus directement en lien avec leurs métiers. Regroupées depuis des années au sein d’un « sustainability park », les greentech seront en 2022 présentes sur plusieurs espaces. Dont l’un dédié à la sobriété carbone, avec EDF, autour de la compensation et de la baisse des gaz à effet de serre.
Quelles évolutions avez-vous observées au fil du temps ?
Ce qui est nouveau, c’est l’accélération de leur développement, le montant des fonds levés… Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de choisir entre croissance et impact. Il y a quelques années, il fallait parier sur le taux d’adaptation des solutions proposées. Désormais, l’évolution des modes de consommation permet de les passer plus facilement à l’échelle. Les greentech sont portées à la fois par la croissance des investissements ESG (environnement/social/gouvernance) et la réglementation : lois françaises, directives européennes, contraintes, incitations… C’est pourquoi la stabilité réglementaire est un facteur clé de succès. Autre tendance de fond : les exigences des jeunes diplômés. On observe une véritable guerre des talents dans le secteur de la tech et des start-up, dans laquelle l’impact est devenu un vrai critère de choix.
Est-il vrai que beaucoup de start-up s’exilent pour se développer ?
Les start-up françaises, et plus largement, européennes, doivent souvent s’internationaliser pour soutenir leur croissance. Mais le véritable problème, c’est la question des sorties. Il y a très peu d’entrées en Bourse en Europe en comparaison des Etats-Unis ou de l’Asie, et peu de rachats de grosses start-up par des corporate. Il y a donc une tendance des start-up nées en Europe à passer sous pavillon américain ou asiatique. Pour y remédier, il faut mieux financer les premiers tours de table, notamment en renforçant les fonds européens. Et favoriser les rachats et les entrées en Bourse, en rendant la place boursière européenne plus attractive.
Quelle forme prennent les relations entre grands groupes et start-up ?
Il y a six ans, les collaborations prenaient surtout la forme de tests de nouveaux marchés ou services, de preuves de concepts (POC – Ndlr Proof of concept). Il s’agissait d’externaliser l’innovation à moindre risque, auprès de start-up plutôt jeunes. Aujourd’hui, l’écosystème est plus mature, les solutions plus robustes, les champs d’intervention plus larges. Les modes de collaboration sont plus rapides, grâce à des équipes dédiées, des circuits de décision plus courts, une prise de risque plus encouragée…Les grands groupes continuent d’incuber des start-up, mais elles nouent de plus en plus souvent des relations business. Ainsi, via ses « Innovation awards », LVMH qui, comme beaucoup de grands groupes, utilise VivaTech pour repérer des pépites, développe des partenariats concrets autour de modes de production, de matériaux ou de packagings plus durables.