Asie • Singapour, entre smart nation et cité-jardin
Surpeuplée, la parcelle insulaire a misé sur la nature et les données. Faute de place dans les hauteurs, la ville pourrait se développer sous terre.
Et si la ville du futur, à savoir la ville « intelligente et verte » se préfigurait en Asie ? Plus précisément à Singapour, enclave de terre de 750 km2 située tout au bout de la Malaisie, où se massent 6 millions d’habitants. Ville « verte », Singapour l’est incontestablement, d’ores et déjà baptisée « ville-jardin ». Les plantations d’arbres sur les toits et les terrasses s’y multiplient depuis cinq ans. Les hôtels Parkroyal et Oasia disposent par exemple d’une surface végétale cinq à dix fois plus importante que leur surface au sol. C’est à Singapour que les toutes premières « tours maraîchères » sont apparues. Et pour cause : dans ce pays le plus densément peuplé au monde, les terres agricoles sont inexistantes. L’agriculture verticale est ainsi apparue comme la solution à sa dépendance aux importations. En 2020, la cité-Etat compte 300 fermes verticales. Des centaines de tours produisent une tonne de légumes verts par jour.
Des arbres artificiels de 50 mètres
Singapour se positionne aussi comme une smart nation, s’appropriant tout ce qui est « intelligent » au sens large du terme. Et ce, dans tous les domaines : vie quotidienne, transports, aide à la personne, sécurité, stockage… Singapour est aussi extrêmement performante dans la recherche biomédicale et le big data, avec des applications dans des domaines variés comme la banque et la finance, le tourisme et les loisirs, la sécurité ou encore la planification urbaine.
Salles de sport, bibliothèques,
lieux de production industrielle
bientôt sous terre ?
La ville a installé des centaines d’arbres artificiels, hauts de 18 à 50 mètres. Ils sont équipés de modérateurs de température, éclairent les rues grâce à l’énergie solaire, et collectent l’eau de pluie pour alimenter les fontaines et des « fermes urbaines ». Pour pouvoir continuer à se développer, Singapour doit trouver les moyens de mieux tirer profit de son territoire, à la fois particulièrement exigu et non extensible. Parmi les solutions, le développement d’une ville souterraine est envisagé. Ainsi, de plus en plus d’espaces publics, salles de sport, bibliothèques, mais aussi des lieux de production industrielle pourraient ouvrir dans les entrailles de la ville. Des zones de stockage pourraient également être réadaptées.
Plateforme ouverte de services
Une nouvelle agence départementale, GovTech, a été mise en place à l’automne 2016. En charge de la digitalisation de la ville, elle travaille main dans la main avec le secteur privé et permet aux citoyens de s’exprimer. Grâce à l’outil Virtual Singapore – dont le site a été lancé en 2017 pour un coût équivalent à plus de 46 millions d’euros –, de nouvelles stratégies deviennent envisageables. Sur cette plate-forme, les citoyens eux-mêmes ont la possibilité de voir à quoi ressemblera leur ville demain, et sous différents angles : les services, la santé, les énergies, la mobilité, les infrastructures, la sécurité publique et privée, l’environnement… Chacun pourra donner son avis et mettre en commun ses réflexions sur les défis du futur.