« Maîtriser notre développement économique et notre croissance démographique »
Quels enjeux spécifiques sous-tendent le futur du Grand Annecy ?
Le développement de l’agglomération a été tiré par une forte croissance économique, un cadre de vie des plus agréables, un puissant attrait touristique et résidentiel, un tissu industriel performant. Mais les exécutifs qui se sont succédé dans le passé n’ont pas suffisamment su anticiper les effets de cette croissance.
Des chantiers engagés
sur une échelle de 15 ans,
soit sur trois mandats.
Nous nous trouvons donc à devoir composer avec un phénomène de métropolisation sur un territoire contraint par sa topographie, et tous ses effets indésirables : congestion automobile, immobilier prohibitif, vieillissement de la population, emplois non pourvus sur les missions de service public… Dès lors, fabriquer l’agglomération de demain, c’est décider de la manière dont on souhaite maîtriser notre développement économique et notre croissance démographique sans les subir, sachant que nous avons été élus par des Grands Annéciens qui ne souhaitent pas que l’on construise davantage.
Quels sont les prérequis pour fabriquer l’agglomération de demain ?
Il faut à mon sens réunir trois conditions majeures : soutenir une politique de concertation permanente avec la population, financer les actions indispensables, se projeter sur un temps long.
En 2018, vous avez lancé « Imagine le Grand Annecy 2050″…
Cette consultation préparatoire au projet de territoire a mobilisé plus de 3 000 citoyens et s’est soldée par la formalisation en 2019 de 90 objectifs. En 2021, nous avons fait un pas de plus dans la démarche avec « Dessine le Grand Annecy », en invitant les habitants, épaulés par des architectes, à « dessiner » l’agglomération au prisme de neuf thématiques (zone commerciale, ruralité, zone d’activité, etc). Les résultats seront bientôt dévoilés. Maintenant, il nous faut élargir le périmètre de la concertation au-delà des réunions publiques qui captent toujours un public « d’habitués ». Les outils distanciels, comme la visioconférence, constituent ici des leviers très efficaces.
Comment garantir l’utilité de ces consultations prospectives ?
Je parlais d’argent et d’investissement sur le temps long. Nous avons voté une enveloppe de 750 millions d’euros sur la mandature actuelle pour mettre en œuvre les actions souhaitées par nos concitoyens. Cela nous oblige à nous endetter, mais la jeunesse de notre agglomération et sa croissance économique nous permet un bon potentiel d’endettement. La demande la plus forte de la population porte sur le développement d’un réseau de transport en site propre, nous avons donc fléché 300 millions d’euros sur le déploiement de nouvelles lignes de bus à haut niveau de service. Nous avons mis en place des comités citoyens de suivi et d’évaluation. Les chantiers engagés dans le cadre du projet de territoire se réaliseront sur une échelle de 15 ans, soit sur trois mandats.
L’agglomération est-elle une bonne échelle politique ?
Le Grand Annecy, ce sont cinq anciennes intercommunalités qui ont fusionné en 2017, 34 maires, 210 000 habitants. Nous sommes sur un territoire à taille humaine. Au-delà, je pense qu’on perd vite le lien. Bien sûr, il faut définir la bonne organisation et les bons équilibres territoriaux. Nous avons choisi de mettre en commun des moyens, en préservant une proximité nécessaire qui ne doit pas faire disparaître la singularité des cinq ex-communautés de communes, pour ne pas reproduire les erreurs d’hier et éviter que le cœur d’Annecy aspire toute la croissance du territoire.