Mon immeuble est une ferme
Végétaliser, c’est bien. Rendre les villes autosuffisantes, ce serait encore mieux. Alors qu’elles concentrent les volumes de consommation les plus élevés, les métropoles sont incapables de nourrir leurs habitants. Pourtant, certaines études montrent qu’il serait possible de subvenir à tous les habitants de New-York ou de Paris en cultivant à l’intérieur de la ville, dans un rayon de 150 km. Depuis 10 ans, l’agriculture urbaine se développe dans les friches industrielles et les jardins partagés, mais la superficie totale de ces parcelles ne sera jamais suffisante pour couvrir les besoins alimentaires des citadins de 2050. Parmi les solutions avancées : les fermes verticales, dédiées à la production d’aliments « hors sol », via la culture en hydroponie, qui consiste à immerger les racines dans une solution à base d’eau et de nutriments. Un seul bâtiment de 30 étages pouvant produire l’équivalent de 970 hectares et alimenter 50 000 personnes. La perspective d’une auto-suffisance urbaine semble cependant hypothétique.
Logique de complémentarité
Le coût des fermes verticales est prohibitif. En outre, elles produisent essentiellement des légumes verts, beaucoup moins de légumes trop encombrants ou à cycle long, qui ne seront pas rentables. Dans un rapport sur les fermes verticales, le cabinet PwC indique que « l’agriculture urbaine peut venir combler les manques de l’agriculture traditionnelle », mais que cette dernière « demeurera capitale », ne serait-ce que par ses vertus écologiques et écosystémiques : drainage des eaux pluviales, maintien de la biodiversité, etc.
Les fermes urbaines peuvent aussi s’envisager au sein de bâtiments publics réhabilités ou spécialement créés, mais aussi parkings sous dalle et de locaux vacants. En France, la start-up Cycloponics recycle des superstructures souterraines en zones d’activités autour de l’agriculture et de l’agroalimentaire au sein de quartiers prioritaires de la politique de la ville : les QPV. À Strasbourg, elle a ainsi mis en place un espace de production maraîchère dans un ancien bunker aménagé pour permettre l’exploitation d’une ferme de 150 mètres carrés.