« Brest a pour elle un énorme potentiel de transformation »
A quoi ressemblera Brest dans 30 ans ?
Il ne fait pas de doute que le futur de Brest ne se fabrique pas de manière abstraite, mais bien au contraire sur une réalité historique et géographique particulière. Brest est une ville récente – construite suite à la décision de Richelieu d’y implanter un port militaire –, qui a été entièrement détruite, puis reconstruite au milieu du XXème siècle. L’architecture brestoise se caractérise par sa minéralité et des artères très larges, conçues (on était au sortir de la seconde guerre mondiale) pour la voiture individuelle. Cela confère à la ville une marge spatiale significative pour les développements urbains post-carbone et notamment de la place pour les nouveaux usages et la végétalisation. La métropole a pour elle un énorme potentiel de transformation. Elle a d’ailleurs beaucoup changé sur la période récente. Il y a 15 ans, il n’y avait pas de tramway, pas de rues piétonnes, pas de téléphérique urbain, pas de plateau des capucins (le plus grand espace public couvert d’Europe). Aujourd’hui, Brest est la métropole intermédiaire la plus attractive de France devant Tours et Clermont-Ferrand, selon l’édition 2021 du baromètre Arthur Loyd.
Quels sont les grands axes stratégiques de développement de la métropole ?
Le lancement du projet stratégique actuel de la métropole, « Brest 2040 », a été décidé en 2021 et nous nous sommes donné entre 18 mois et deux ans pour l’écrire. Au regard de la culture brestoise, on peut supposer que la solidarité, comme gage de convivialité, de qualité de vie dans l’Ouest breton et de condition de réussite des transitions, y tiendra une bonne place.
Un travail nécessaire
sur les imaginaires,
les représentations,
la mise en récit.
Par ailleurs, le projet se nourrira de la stratégie métropolitaine de développement économique, avec l’enjeu de poursuivre la diversification d’un écosystème économique dominé par la défense : Brest abrite le siège de la dissuasion nucléaire française. L’activité militaire représente 20% du PIB local et 20% de l’emploi. Une autre caractéristique de Brest est son fort ancrage maritime. Qui dit défense et mer dit recherche et innovation, avec, là aussi, une forte empreinte de l’emploi public dans l’université, les grandes écoles, les établissements de recherche. Brest a conservé au fil des ans cette relation particulière à l’État. Cette identité, unique, au fondement du statut de métropole, colore nécessairement les choix qui seront faits pour demain.
Dans cette démarche, quel est précisément le rôle de la mission stratégie et prospective que vous dirigez ?
Elle a pour rôle d’animer et de mettre en cohérence les outils et actions de la métropole au service de la stratégie « Brest 2040 ». Nous sommes là pour nourrir la vision politique de ce que sera Brest demain. Il faut pour cela faire preuve d’une triple compétence, pluridisciplinaire, multi-scalaire et multi-acteurs, condition sine qua non à notre mission – délicate – de coordination. Le plus difficile étant sans doute d’adopter un langage accessible à tous. Cela passe notamment par un travail sur les imaginaires, les représentations, la mise en récit. Il s’agit à la fois d’énoncer des valeurs communes et de montrer vers quoi on souhaite aller. Ce qui, dans un monde gagné par l’incertain, constitue un vrai pari.