La revanche de la nature est de tous les projets
Décarboner, rafraîchir, restaurer la biodiversité, améliorer le confort de vie des citadins : la végétalisation constitue un axe majeur de la fabrique de la ville de demain.
Des gratte-ciel couverts d’arbres, de potagers, de panneaux solaires et d’éoliennes… C’est la proposition de l’architecte Vincent Callebaut, consulté par la mairie de Paris pour imaginer la capitale française en 2050. Dans son scénario, la ville se transformerait en une véritable cité végétale, abritant des tours maraîchères aux balcons potagers, des ponts habités sur la Seine, ainsi qu’un corridor écologique de 23 kilomètres jalonné de tours photo-catalytiques « dépolluantes » en forme de tubes ou d’alcôves.
Toutes les grandes métropoles
ont amorcé des stratégies vertes
à long terme.
Cette vision n’est pas si singulière. Depuis une dizaine d’années, urbanistes, architectes et experts en environnement urbain dessinent les contours de métropoles « végétales », durables, et autosuffisantes. Si la temporalité des industries urbanistique et immobilière nous oblige à revenir à des hypothèses plus grises que vertes à l’horizon 2050, la végétalisation des villes est un phénomène incontestable, peut-être le plus « remarquable » des décennies à venir. Les villes ont longtemps été pauvres en espèces animales et végétales. L’aménagement de parcs et de jardins, puis la plantation d’arbres, datent du XIXème siècle. Quant à l’aspiration collective à des environnements urbains plus verts et apaisés, elle a vraiment émergé dans la deuxième moitié du XXème siècle.
Les vertus de la nature en ville (faune, flore, eau, air, sol) sont bien renseignées : filtration et capture des particules fines et des polluants, séquestration du carbone, réduction des eaux de ruissellement, régulation de la température, économies d’énergie, récréation physique et mentale ….
170 000 arbres d’ici 2027 à Paris
Décarboner, rafraîchir, restaurer la biodiversité, améliorer le confort de vie : toutes les grandes métropoles ont amorcé le mouvement, avec des stratégies à long terme.
En Amérique du Nord, les villes d’Austin, Seattle et Montréal prévoient de planter des centaines de milliers d’arbres d’ici 2030. En France, Paris veut en faire sortir de terre 170 000 d’ici 2027, en lieu et place des parkings et des voies sur berge. En Italie, Milan va plus loin, avec un programme de plantation de trois millions d’arbres d’ici 2030. La forêt urbaine, un horizon tout tracé pour 2050 ? Là encore, ne rêvons pas. Planter des arbres en ville reste en outre complexe, en raison d’une forte pression du foncier et d’un manque de place.
La solution serait-elle alors dans les forêts « verticales » ? À Singapour, où l’espace est très limité, les plantations d’arbres sur les toits et les terrasses se multiplient depuis cinq ans. À Milan, les deux tours résidentielles du projet « Bosco Verticale » regroupent depuis 2017 plus de 20 000 plantes et arbres, soit l’équivalent de deux hectares de forêt répartis en façade. Mais la figure idéalisée de l’immeuble végétal cache une façade inégalitaire. À Milan, les gratte-ciel boisés de Bosco, dont les prix fluctuent entre 10 000 et 18 000 euros le mètre carré, sont réservés à une population de privilégiés.
La révolution verte des villes prendra des chemins moins acrobatiques : allées, parcs, aires de biodiversité, trottoirs végétalisés, terrasses plantées… La métropole de 2050 ne ressemblera pas à un champ ou à une forêt. Mais elle s’inscrira à n’en pas douter dans une réflexion globale sur la construction d’une relation harmonieuse entre l’homme et la nature.