Chine : Taishan, vitrine fêlée de la coopération nucléaire franco-chinoise
Au sud de la Chine, près de Hong Kong, le site de Taishan héberge les deux premiers EPR mis en service dans le monde, et ses 400 ha sont prêts à en accueillir quatre autres. L’exploitation commerciale de la première tranche a démarré en décembre 2019, la deuxième dix mois plus tard. EDF, qui détient 30% de l’opérateur de la centrale, veut faire de Taishan la vitrine de la coopération franco-chinoise dans le nucléaire, et en particulier de la technologie de l’EPR. Les discussions entre EDF et le groupe chinois CGN sur l’EPR remontent aux années 2000, lorsque la Chine souhaite moderniser son parc de centrales à l’aide d’une technologie sûre et performante. Elles aboutissent en 2007 au projet Taishan, avec la création d’une joint-venture qui fait d’EDF le seul investisseur étranger dans le nucléaire en Chine. Mobilisant toute la filière française du nucléaire, EDF lance le chantier des deux premiers réacteurs entre novembre 2009 et avril 2010. La construction s’achève fin 2014, mais la mise en service n’a lieu qu’en 2018, à l’issue d’une longue période d’essais. Depuis cette date, plusieurs incidents ont défrayé la chronique. Le dernier en date, un problème d’étanchéité des barres de combustibles qui contrôlent la fission, remonte à juin 2021. D’après l’organisation française CRIIRAD, il s’agirait d’un défaut de conception de la cuve, un incident suffisamment grave pour pousser l’opérateur à « mettre le réacteur à l’arrêt pour maintenance ». Pour EDF, même avec un réacteur arrêté, Taishan apporte la preuve que la technologie EPR fonctionne. Mais sa mise en service bien avant celle de Flamanville se paie au prix fort : celui de la perte de compétences en France.