Malgré quelques contradictions, le nucléaire revient en grâce auprès des Français
Les Français ont évolué dans leur rapport au nucléaire : après des années de polarisation, ils se montrent plutôt favorables à cette source d’énergie et ont confiance dans les compétences des experts, indique le dernier baromètre de l’IRSN.
Alors que le gouvernement s’apprête à relancer la construction de réacteurs nucléaires, qu’en pensent les Français ? Longtemps l’atome a divisé l’opinion publique, mais ces divisions semblent se dissiper. En effet, les Français restent en majorité attachés à cette énergie emblématique de l’histoire industrielle du pays, comme le montre le dernier baromètre de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Sorti en mai 2021, il a mesuré leur état d’esprit sur la question pour la première fois depuis vingt ans. 53% des sondés considèrent que la construction de centrales a été positive pour la France, une vraie « remontada », puisque dans les années 90, ils étaient moins de 30%. Comme à l’époque de la construction des centrales, cet attachement tient majoritairement à la sécurité énergétique et au prix abordable de l’électricité procurés par le nucléaire. Sont-ils pour autant d’accord avec l’idée d’en construire de nouvelles ? Pas vraiment : 45% y sont opposés. Et à l’assertion « Il faut fermer les centrales nucléaires », les avis sont encore plus partagés : 38% répondent oui, 32% non, 30% n’ont pas d’avis.
Sceptiques sur le stockage des déchets, confiants dans les compétences des experts
L’argument le plus fort contre le nucléaire concerne la production de déchets, plus encore que la sécurité : 39% des sondés ne croient pas qu’il soit possible de stocker des déchets nucléaires en toute sécurité. Quant aux centres de stockage, ils restent perçus comme des sources de risques importants pour la santé et l’environnement, même si cette perception est en baisse par rapport à celle de 1997.
La construction
de centrales est jugée
plutôt positive
pour la France.
Enfin, les Français continuent d’avoir confiance dans les compétences et la crédibilité des experts du nucléaire : douze acteurs de la filière sur vingt sont jugés compétents par une forte majorité, et six recueillent plus de 75% d’adhésion, parmi lesquels le CNRS, l’ASN et l’IRSN. D’autres sondages confirment le retour de la confiance des Français dans le nucléaire, mais pointent aussi leur défaut de connaissances scientifiques. D’après une enquête conduite par EDF début 2021, 43% des sondés voient dans le nucléaire une énergie d’avenir, contre à peine 27% trois ans plus tôt. Mais 69% des personnes interrogées par BVA en 2019 étaient persuadées que le nucléaire contribuait aux émissions de gaz à effet de serre.
Des contradictions sur la sécurité nucléaire
D’après le baromètre de l’IRSN, 62% des personnes interrogées jugent possible qu’un accident de la même ampleur que celui de Fukushima se produise en France. Pourtant, leur confiance dans l’organisation actuelle de la sûreté ne faiblit pas : elles sont aussi nombreuses à considérer que « toutes les précautions sont prises pour assurer un très haut niveau de sûreté » dans les centrales nucléaires.