QUESTIONS À… Thibault Laconde, fondateur de Callendar, startup spécialisée dans l’évaluation des risques climatiques
Comment le changement climatique va-t-il affecter les centrales nucléaires ?
Cette question en contient deux qui se recoupent partiellement. Celle de la sûreté nucléaire : les phénomènes extrêmes peuvent mettre en danger l’intégrité des installations, comme l’inondation de Blaye en 1999 ou la canicule à Fessenheim en 2003. Et celle de la sécurité d’approvisionnement : en cas de sécheresse notamment, le manque d’eau peut obliger à ralentir ou arrêter les centrales, et mettre le réseau électrique en difficulté. L’impact sur les centrales dépend donc des scénarios de réchauffement du climat, entre autres.
Le parc nucléaire actuel peut-il faire face à des vagues de chaleur intenses ?
Une fois qu’une centrale est construite, il est très compliqué de la modifier. L’entretien de certaines parties liées au refroidissement peut être amélioré, mais la centrale subira jusqu’à la fin de sa vie les choix effectués lors de sa conception, comme la non prise en compte de l’évolution du climat. Sur le parc nucléaire actuel, il n’y a donc pas grand-chose à faire si ce n’est mieux gérer les centrales qui sont le plus souvent en difficulté.
Toutes les technologies sont-elles égales face au changement climatique ?
Non. Les grosses centrales construites en France, par exemple, sont plus exposées parce qu’elles ont des besoins de refroidissement, et donc d’eau, plus importants. Les centrales d’Espagne, qui fournissent environ 20% de la consommation d’électricité du pays, n’ont presque jamais été arrêtées à cause de la chaleur et de la sécheresse : elles sont plus petites et ont besoin de moins d’eau pour être refroidies.