Interview de Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE
Quelles sont les données apparues depuis 2017 qui modifient les précédents scénarios ?
La neutralité carbone en 2050 inscrite dans la nouvelle Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) ou le nouveau jalon européen (- 55% d’émissions de CO2 entre 1990 et 2030) impactent considérablement les précédentes prévisions de production et de consommation d’électricité et impliquent de réduire notre consommation énergétique et de supprimer l’usage des hydrocarbures au profit de l’électricité.
Quelles évolutions pourraient justifier d’adapter ces nouveaux scénarios ?
Outre l’électrification de nombreux usages (industrie, transport, chauffage), de nombreux progrès technologiques peuvent impacter le rythme de la décarbonation. Pour le nucléaire, les trajectoires de fermeture des réacteurs existants et le rythme possible de développement de nouveaux réacteurs sont déterminants. Le niveau de consommation et le dimensionnement des infrastructures de production d’électricité dépendent aussi de choix de société (sobriété, ré-industrialisation) et des politiques énergétiques nationales et européennes.
Comment intégrer les incertitudes dans l’exercice de prospective ?
Pour Futurs Energétiques 2050, nous avons tenté de les maîtriser au maximum grâce à un travail de concertation de deux ans avec plus de 200 organismes, à l’expertise d’institutions partenaires et d’un conseil scientifique, et aux 4 000 contributions de citoyens recensées par consultation publique. Pour consolider les chiffres et renforcer la robustesse des résultats et des enseignements que nous en avons extraits, nous avons aussi modélisé de nombreuses variantes, multiplié les combinaisons et les stress tests.