Le casse-tête de la gestion des déchets nucléaires
Malgré trois lois et de nombreuses consultations publiques, la question de la gestion des déchets radioactifs n’a jamais été complètement résolue. En attendant, les conteneurs de déchets s’accumulent dans les centres de stockage.
Tous les ans, 1 200 tonnes de combustibles usés sortent des 58 réacteurs nucléaires français et deviennent des déchets radioactifs. Depuis 1979, leur traitement est confié à l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui dresse un inventaire national annuel des matières et des déchets radioactifs. Selon le dernier inventaire, à la fin de l’année 2018, la France avait accumulé 1,64 million de m3 de déchets radioactifs.
Avant l’Andra, les déchets étaient immergés dans les océans, après avoir été coulés dans du béton ou confinés dans des fûts : les scientifiques considéraient que la radioactivité se diluerait dans l’immensité des océans. 14 200 tonnes ont été noyées dans l’Atlantique en 1967 et 1969, et 3 200 tonnes, issues d’essais nucléaires, dans le Pacifique entre 1967 et 1982. Mais la Convention de Londres sur la prévention de la pollution des mers, signée en 1993, a mis un terme définitif à cette solution.
Il faut stocker 30 000 m3 de déchets à vie courte par an
Reste donc le stockage en surface, complexe car il dépend du niveau de radioactivité. Les déchets à vie très courte (VTC) sont entreposés le temps que leur radioactivité disparaisse, puis sont éliminés.
Fin 2018, la France avait
produit un total de 1,64 million de m3
de déchets.
Les déchets à vie courte de très faible activité (TFA) et de faible et moyenne activité (FMA-VC), qui représentent 90% du volume total, ont longtemps été isolés au Centre de stockage de la Manche (CSM), ouvert en 1969 à la Hague, mais celui-ci a atteint sa capacité maximale et n’en reçoit plus depuis 1994. Ils sont désormais stockés dans deux centres aménagés dans l’Aube par l’Andra : les FMA-VC au Centre de stockage de l’Aube (CSA) depuis 1992, les TFA au Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) depuis 2003. S’il existe une solution définitive pour stocker ces déchets à vie courte, la croissance de leur production pose un défi à l’Andra pour les années à venir. Au rythme de 30 000 m3 de plus par an, le Cires arrivera à saturation avant la fin de la décennie, notamment à cause du prochain démantèlement des installations nucléaires, même si une augmentation de ses capacités est à l’étude.
Les déchets les plus dangereux sont vitrifiés
Quant aux déchets à vie longue (VL), 10% du volume total, ils sont entreposés dans des installations provisoires en attendant un stockage définitif. Parmi ceux-ci, les plus dangereux, à haute activité (HA), 3% du volume total, sont vitrifiés, conservés dans des piscines de refroidissement, puis entreposés dans des puits de béton à la Hague, Marcoule, dans le Gard, et Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône. En 25 ans, la gestion des déchets radioactifs a fait l’objet de trois lois, et l’Andra poursuit ses recherches en explorant trois pistes : le conditionnement-entreposage pour les FA-VL ; la séparation-transmutation pour les HA ; le stockage en couche géologique pour les HMA-VL dans le site Cigéo, retenu comme une solution de long terme par une loi de 2006. Mais aucune piste n’a encore abouti et la question des déchets radioactifs n’en finit pas d’être discutée dans des consultations et des débats publics. Dernière en date : la concertation sur le 5e Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), prévu par le Code de l’environnement, qui s’est achevée au printemps 2021.