« Les maires sont les meilleurs connaisseurs de leur territoire »
Les territoires, et plus spécialement les petites villes, sont-ils un angle mort de la santé ?
L’APVF attire depuis plus de vingt ans l’attention du gouvernement sur les inégalités croissantes d’accès aux soins dans les territoires, sur l’utilité des petites structures hospitalières et donc sur les conséquences néfastes des restructurations hospitalières effectuées parfois sans beaucoup de discernement, ou encore sur l’aggravation du phénomène de désertification médicale. Il est parfaitement vrai que l’on nous a pendant très longtemps affirmé que les questions de santé et d’offre de soins ne relevaient pas d’une politique d’aménagement du territoire. Il semble qu’il y ait un début de commencement de prise de conscience de la gravité de la situation. La crise sanitaire a sans nul doute constitué un révélateur, mais l’APVF s’honore d’avoir tiré la sonnette d’alarme depuis plus de vingt ans.
Quel doit être le rôle des petites villes dans les futurs territoires de santé ?
Il faut associer davantage les élus locaux, bien sûr les élus des petites villes – communaux ou intercommunaux – à la stratégie de réduction des inégalités territoriales.
Il faut davantage
de proximité dans les prises
de décision.
En un mot, il faut davantage de proximité dans les prises de décision concernant l’offre de soins. Il est également nécessaire de démocratiser le fonctionnement beaucoup trop rigide des ARS. Nous proposons d’une part que la présidence des ARS soit confiée au préfet de région et au président de région, d’autre part d’accroître sensiblement le pouvoir de décision des conseils d’administration des ARS, lesquels verraient la place des élus locaux confortée. Il s’agit également de décentraliser le fonctionnement des ARS au plus près des territoires en confiant un rôle opérationnel et d’interface, avec les élus locaux, aux délégations départementales des agences.
Comment les maires peuvent-ils agir sur le champ de la prévention ?
Les maires sont les meilleurs connaisseurs de leur territoire. Ils peuvent avoir un rôle incitateur et facilitateur dans la mise en œuvre des politiques de prévention. Cela passe entre autres par la généralisation des contrats locaux de santé visant à réduire les inégalités d’accès à l’offre de soins.
Les maires disposent de leviers pour agir…
C’est vrai. Mais n’oublions pas que juridiquement, les communes ont en matière de santé des moyens d’action limités. Bien sûr, nous pouvons agir en attribuant des aides en matière sanitaire, contribuer à la création et à la gestion des centres et des maisons de santé. Mais cela ne résoudra ni la question de la démographie sanitaire, ni celle de l’attractivité des territoires pour les professionnels de santé. Il faut à cet égard une véritable prise de conscience politique au niveau national. L’APVF souhaite que ce débat soit porté lors des prochaines élections présidentielles. Enfin, nous attirons l’attention sur les risques de mise en concurrence des territoires. Ce sont surtout les communes et les territoires les moins dotés qui ont le moins de moyens pour agir. Ce sont eux qui doivent être aidés et soutenus en priorité.