Des effectifs et des métiers en transformation
La fin du numerus clausus doit permettre de mieux articuler l’offre et la demande de soins dans les territoires demain. L’anticipation des vocations est plus délicate.
Moins 2,2% : c’est la diminution moyenne de la densité de médecins sur le territoire français entre 2012 et 2021. En dix ans, le nombre de médecins pour 100 000 habitants est passé de 325 à 318, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Et demain ? Sous hypothèses de comportements et de législation constants, la projection de la DREES montre une stagnation des effectifs jusqu’en 2030, suivie d’une hausse assez importante jusqu’en 2050 (+1,5% de croissance annuelle moyenne des effectifs entre 2030 et 2050). Mais, si significative soit-elle, cette progression ne suffira pas à compenser les besoins générés par l’augmentation de la population. Résultat : une diminution de la densité médicale en France dans les prochaines années.
La densité médicale en France
va diminuer dans les prochaines années.
Côté pharmaciens, les projections démographiques de la DREES montrent – toujours à comportements et législation constants – une baisse des effectifs jusqu’en 2027, avant une reprise jusqu’en 2050. La population des sages-femmes devrait pour sa part croître régulièrement, avec une surpondération progressive des personnes exerçant en libéral (70% à horizon 2050). Quant aux chirurgiens-dentistes, la part en leur sein des professionnels diplômés à l’étranger, qui a plus que triplé depuis 2012, va continuer de grossir fortement.
Exercice partagé entre le public et le privé
Pour mieux anticiper l’articulation entre l’offre et la demande, les pouvoirs publics ont supprimé le fameux numerus clausus, dispositif fixé annuellement depuis 1979 par décret ministériel pour déterminer le nombre d’étudiants admis à entrer en formation. Depuis la rentrée 2021, place au numerus apertus, une méthode de calcul visant à adapter les effectifs aux besoins de santé des territoires. Reste que les contours et les équilibres sociologiques futurs de la profession seront aussi fonction de l’évolution des dynamiques de vocation et des choix de carrières difficiles à anticiper.
Aujourd’hui déjà, dès leurs premiers choix d’exercice, les soignants sont soumis à un dilemme : exercer dans le public, souvent bien plus intéressant en termes de pratiques, d’apprentissage et de tâches, ou pratiquer dans le privé, plus rémunérateur. De plus en plus de soignants (12% des médecins) optent pour un exercice mixte (libéral et salariat). Ce qui échappait il y a peu aux projections des analyses.
Infirmiers planificateurs, médecins gestionnaires
Demain, d’autres facteurs vont nécessairement orienter la structuration démographique des professionnels de santé. Les métiers phares du secteur (médecin, infirmier, pharmacien) verront le contour de leurs missions changer. Le développement des outils d’aide à la prescription, du suivi hors les murs de l’hôpital, des applications de détection, vont appeler les professionnels du soin à agir comme les pilotes et gestionnaires d’une approche médicale à la fois personnalisée et pluridisciplinaire. Les compétences des infirmiers s’étendront à des besoins de prescription, de planification et de coordination. La délégation de tâche entre professionnels de santé va sans doute également entraîner davantage de perméabilité entre les expertises et spécialités. De nouveaux métiers vont émerger : on peut ainsi raisonnablement imaginer une rapide montée en puissance d’une fonction de gestionnaire de cas.